EXTINCTION
Théâtre de l'Œuvre
55, rue de Clichy
75009 Paris
01 44 53 88 88
Jusqu’au 24 juin 2015
Du mardi au vendredi à 19h, samedi et dimanche à 15h
Reprise
De la piazza Minerva à Rome où il a trouvé un refuge pour calmer sa colère, le narrateur raconte son dégoût pour la ville de Wolfsegg, son atmosphère nauséabonde, et l’enfance où il a vécu des années de souffrance et où il doit retourner malgré l’horreur qu’elle lui inspire. Est-ce parce qu’il était de nature trop sensible et littéraire pour supporter les valeurs étriquées de la petite bourgeoisie de province autrichienne, affairée et philistine, en un mot imbécile ? Est-ce à cause des lâches et coupables complicités de la population de notable avec les nazis ? Est-ce parce que le vieil homme prend conscience au crépuscule de sa vie que l’enfance sur laquelle il doit revenir est à jamais perdue ?
On ne sait plus si c’est Franz-Josef Murnau, Thomas Bernhard ou Serge Merlin qui s’exprime sur scène. C’est émouvant de les voir se confondre tous les trois dans la vieillesse douce mais rageuse, vociférante mais tremblotante, d’une fragilité qui ne cesse jamais d’être douloureuse. Serge Merlin a une voix absolument incroyable, magnifique, musicale et caressante, unique en son genre : c’est un véritable délice de l’écouter interpréter ce texte testamentaire de Thomas Bernhard, son dernier roman. Et même s’il y a quelque chose d’un peu figé dans cette lecture, l’hommage que lui rend la salle à la fin du spectacle montre qu’à 83 ans, la beauté de Serge Merlin n’est pas près de s’éteindre.
Frédéric Manzini
Extinction (Auslöschung)
D'après Thomas Bernhard
Traduction : Gilberte Lambrichs
Adaptation : Jean Torrent
Réalisation : Blandine Masson et Alain Françon
par Serge Merlin
Mis en ligne le 21 mai 2015