Théâtre de l'Epée de Bois
La Cartoucherie
Route du Champ de Manœuvre
75012 PARIS
01 48 08 39 74

Jusqu’au 23 novembre
les lundis mardis et mercredis à 20h30

 

 Crédit photos, © Tristan Jeanne-Valès

C’est une version d’Oncle Vania aux choix radicaux que nous présente Guy Delamotte avec ce texte librement adapté par Daniel Veronese. Celui-ci est dramaturge, acteur et directeur de théâtre argentin. Et l’on ressent dans son texte quelque chose comme l’esprit passionnel de l’Amérique latine en train d’envoûter l’âme russe des personnages Tchekhovien.

Pourtant, ce texte reprend presque point par point tous les événements de la pièce dont il s’inspire : voici donc un Oncle Vania dont on aurait pressé le texte pour en exprimer exclusivement les passions qui en constituent sa chair.

Toute la pièce est ainsi resserrée sur les désirs reliant les protagonistes. Les désirs, les attentes déçues mais toujours vivaces, les regrets.

Du coup, Elena, Astrov, Vania et Sonia sont les héros de cette valse amoureuse et le professeur Sérébriakov passe au second plan.

La mise en scène vive, emportée, haletante de Guy Delamotte suit le rythme intense de la première scène qui est une course. Toute la pièce est une course autour et dans le décor qui représente la cuisine de la maison plantée comme un radeau au milieu du grand plateau nu – à la fois scène et seul abri possible dans l’immensité. Une histoire transportée dans les années 60’ avec ses néons, sa table en formica, son jukebox.

C’est une pièce étrange qu’Oncle Vania, une pièce où finalement rien ne change entre la première seconde et la dernière : tout revient comme avant, après un embrasement des esprits et des sens et une prise de conscience à la fois de la futilité de la vie et de la nécessité d’y croire de toutes ses forces. C’est pour mieux faire éclater ce paradoxe que Daniel Veronese ajoute au texte originel, un discours sur le théâtre, car qui mieux que le théâtre peut exprimer cela ?

Toute la troupe du Panta excelle dans ces scènes pleines de vie, de passions, d’ivresses et de folies. Ils recréent avec fougue la frénésie inquiète qui trouble les sens de chacun en cette fin de villégiature et ils construisent avec talent des personnages hauts en couleur qui donnent rythme à la pièce.

Bruno Fougniès

 

Espia a una mujer que se mata

De Daniel Veronese, d’après « Oncle Vania » de Tchekhov
Mise en scène, Guy Delamotte
Traduction, Françoise Thanas
Décor, Jean Haas
Costumes, Cidalia Da Costa
Lumières, Fabrice Fontal

Avec Martine Bertrand, Véro Dahuron, Marion Lubat, François Frapier, David Jeanna-Comello, Philippe Mercier, Timo Torikka