Le Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette
73 rue Mouffetard
75005 Paris
Tél. : 01 84 79 44 44

Jusqu’au 17 octobre 2018
mardi, mercredi, vendredi et samedi à 20 h

 

Photos : (c) Marinette Delanné 

Elle raconte. Posée sur un socle petit comme un piédestal de statue. Elle est assise là, toute enveloppée de toiles, de tissus, de vêtements obscurs. Elle raconte avec sa voix, mais surtout avec son corps. Son théâtre de marionnettes se joue à même la peau. Ses membres servent les corps de ses créatures. Elle-même semble n’être que la greffe vivante des mannequins qu’elle manipule. Et ce sont eux qui racontent. Qui vivent. Incarnent. Dansent.

Ilka Schönbein s’est tellement plongée dans l’art de la marionnette qu’elle en a absorbé par capillarité l’univers. Ici, nulle frontière entre le manipulateur et la figurine. Bras, jambes, épaules, os, têtes se partagent entre vivante et inanimés. Le corps-castelet d’Ilka est comme une matrice d’où surgit la vie. Les enfants.

Il y a un univers de sorcellerie dans cette visite obscure des contes et des mythes. Le mystique favorable aux humains donne le ton au spectacle. Et le symbolique devient expressif quand de part et d’autre d’Ilka, deux complices grimées  en clowns charbonneux, elles aussi sorties des forêts magiques où elfes et lutins s’agitent, combinent une partition musicale qui est un écho des sons originels de la planète : mélopées traditionnelles, tambours, gong, cordes aux assonances indiennes qui  évoquent rituels et pensées. Ambiances que traversent parfois un air d’opéra et un chant populaire italien qui appelle rires et lumières.

Dans cet univers très précis, sensible et proche, ce sont des bribes d’histoires, des personnages vivants dans l’imaginaire collectif qui prennent vie et se racontent. Des contes, ceux des Grimm, des fables, celle de La Fontaine qui donne son titre au spectacle, des  personnages porteurs de sens, faits de terre, de rêve et de pulsations cardiaque comme ce pêcheur séduit par le discours d’un poisson, qui disparaît dans les eaux.

Une vraie écriture qui confine à la fusion mène ces histoires. Et si l’esthétique paraît sombre, ténébreuse, le ton sur lequel  sont racontées les histoires est d’une claire ironie bienfaisante.

Bruno Fougnies

 

Eh bien, dansez maintenant !

Conception et interprétation : Ilka Schönbein
Musique : Alexandra Lupidi, Suska Kanzler
Lumières : Anja Schimanski
Cie Theater Meschugge