DOM JUAN

Théâtre Le Ranelagh
5 rue des Vignes
75016 Paris
Tél. 01 42 88 64 44

Jusqu’au 14 juillet 2019,
du mercredi au dimanche, selon les jours, à 17h30 et à 20h30

 

Dom Juan loupe 

Trois musiciens, un accordéoniste, une violoncelliste, et un trompettiste, jouent gaiement de leurs instruments sur une estrade haute, centrale, illuminée, lorsqu’arrive un clown, aux faux airs de mini Coluche, qui fait son petit, mais long, numéro. En fait c’est Sganarelle, valet, complice, probablement malgré lui, du beau, manipulateur, seigneur sicilien Dom Juan. Ce dernier est un fieffé séducteur, qui voue son existence à multiplier et narcissiquement savourer ses conquêtes, femmes du monde, du peuple, peu importe, seul le nombre comptant. Comme conséquence de ses frivoles aventures, le tombeur de ces dames en est naturellement assidûment poursuivi, voir pourchassé, et notamment par Elvire, sa jeune épouse, dernière en date, tout fraîchement abandonnée. Mais Dom Juan a plus d’un tour dans son sac, il louvoie entre filles, emmêle les amourettes. Il s’en sort toujours avec une élégante pirouette. Seulement cette élégance de mise ne peut indéfiniment couvrir la noirceur de son âme (auto)destructrice.

En 1665, un an après le succès de sa première version du Tartuffe ou l’Hypocrite, pourtant censuré, Molière persiste et signe en présentant cette pièce dérangeante, qui ne sera jouée que treize fois de son vivant. Probablement l’une des raisons qui ont justement séduit le talentueux et très sollicité metteur en scène Jean-Philippe Daguerre, par ailleurs également acteur et auteur moult moliérisé, à juste titre : cf Adieu Monsieur Haffmann. Adulé, prisé, recherché, forcément actuel et omniprésent sur les planches parisiennes en vogue, Daguerre, mine de rien et l’air de ne pas trop y toucher, joue ici avec le cirque et navigue à vue entre fête foraine et burlesque, toutefois sans vraiment y accoster, aborder, ni déborder...

Simon Larvaron joue le rôle-titre, il en a l’allure, la prestance, sans doute le doigté. Teddy Melis est un Sganarelle étonnant d’une force réellement physique. La pétillante et polyvalente Charlotte Ruby est non seulement habile violoncelliste, mais aussi bonne chanteuse, danseuse et comédienne.

Mais la magnifique cerise sur le gâteau est sans aucun doute la merveilleuse Vanessa Cailhol, qui prouve encore qu’elle excelle dans tout ce qu’elle touche : petit prince dans Le Prince et le Pauvre, chatte délurée dans Cats, ballerine, Pinocchio, Mamma Mia, bien sûr La Dame de chez Maxim… En Elvire elle est belle, émouvante, passionnée, troublante et juste.

Une mention spéciale pour la chorégraphie travaillée, enlevée, de Mariejo Buffon, qui met parfaitement en valeur les comédiens, et tout particulièrement Ruby et Cailhol dans leur joli duo en tutus.

Pour finir, précisons qu’ici le commandeur est une commandeure… et c’est de bonne (Da)guerre !

Luana Kim

 

Dom Juan

De : Molière
Mise en scène : Jean-Philippe Daguerre

Avec : Simon Larvaron, Teddy Melis, Vanessa Cailhol, Grégoire Bourbier, Nathalie Kanoui, Charlotte Ruby, Tonio Matias, André-Marie Mazure

Création & direction musicale : Petr Ruzicka
Chorégraphie : Mariejo Buffon
Lumières : Idalio Guerreiro
Scénographie : Sophie Jacob
Costumes : Corinne Rossi

 

Mis en ligne le 24 avril 2019