DOM JUAN

Théâtre 14 Jean-Marie Serreau
20 Av. Marc Sangnier
75014 PARIS
Tél : 01 45 45 49 77

Jusqu'au 26 avril
Du mardi au samedià 21h00
Matinée samedi à 15h00

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Mis en ligne le 15 mars 2014

Dom Juan
dessin Sophie Offenstein

Il y a, dans ce don Juan monté par Arnaud Denis, une belle énergie. Et beaucoup d'idées. Pas facile, pourtant, de se colleter à cette œuvre devenue un classique joué et re-joué, étudié et disséqué à l'envi. Se plaçant dans le sillage de Louis Jouvet, le patron, Arnaud Denis a fignolé son spectacle : les décors sont superbes et habiles les éclairages. Ils nous donnent à voir tout un monde, parfois gothique ou expressionniste, en tout cas très réussi. Nous sommes, dès l'entrée, dans une sorte de cloître aux arcades sévères, qui se révèleront modulables pour évoquer une forêt, un bord de mer, selon les impératifs de cette drôle de pièce de Molière qui cassait, décidément, les codes classiques.

Don Juan, « grand seigneur méchant homme » est jeune. On lui oppose ici, une figure quasiment paternelle, celle d'un Sganarelle plus tragique que de coutume. Envolée, sa belle gaîté, on le voit surtout jérémier, se plaindre, et lancer des phrases qui se voudraient philosophiques. Cela dit, le duo don Juan/Sganarelle, fonctionne à peu près bien, notamment au début, quand le fidèle valet habille et va jusqu'à parfumer son maître. Le personnage du séducteur a un côté féminin : cela tient à ses rubans, ses colifichets, mais aussi son côté narcissique. Il peut, au besoin, se battre et faire le coup de poing, paradoxe du personnage, un des plus riches de la littérature. On connaît la pièce, mais l'art du metteur en scène est de mettre en lumière des répliques que l'on croyait avoir oubliées : « les libertins ne font jamais une bonne fin ! » dite par Sganarelle ou encore : « Le naissance n'est rien où la vertu n'est pas ! » Il y a, comme ça des alexandrins clandestins, dans l'œuvre-phare de Molière.

Il est bon, également, de jouer avec le convenu : Ainsi Elvire embrasse don Juan avant de le traiter de scélérat. Quand elle se désespère et que don Juan dit : Tu pleures, je pense ! à Sganarelle, celui-ci sanglote vraiment, ce qui désamorce le cynisme habituel de la phrase.

Il y a, à la fin, des images fortes où don Juan louche vers Tartuffe (grand numéro sur l'hypocrisie), après avoir évoqué Casanova. Pour une fois, la mort du héros n'est pas ridicule ou outrée. Elle touche, par l'art de la mise en scène …et de la voix de Michaël Lonsdale. Une belle réussite, qu'il serait dommage de ne pas voir. Prenez donc le métro ou le tram et rendez-vous au Théâtre 14 !

Gérard Noël

 

Dom Juan

de Molière

Mise en scène Arnaud Denis assisté de Loïc Bon
Décor Edouard Laug  -
Costumes Virginie Houdinière -
Lumières Laurent Béal 
Création vidéo Sébastien Sidaner – 
Maquillage Pascale Fau

Avec la troupe des Compagnons de la Chimère :
Arnaud Denis Dom Juan
Jean-Pierre Leroux Sganarelle
Alexandra Lemasson Done Elvire
Vincent Grass Dom Louis
Eloïse Auria Charlotte
Jonathan Bizet Dom Carlos
Julie Boilot Mathurine
Loïc Bon Dom Alonse / La Ramée / La Violette
Gil Geisweiller Dom Gusman / M. Dimanche / Francisque
Stéphane Peyran Pierrot
et la participation virtuelle de Michael Lonsdale dans le rôle de la statue du Commandeur