DIEU HABITE DUSSELDORF

Lucernaire
53 rue N.D des Champs
75006 Paris 
01 45 44 57 34    

Jusqu’au 8 juin 2019
du mardi au samedi à 21h

 

Dieu habite Dusseldorf loupe 

Sébastien Thiéry, connu depuis pour de nombreuses pièces inclassables, faisait ici ses débuts d'auteur dramatique : il osait des sketches gonflés, glaçants, bizarroïdes. Et qui méritent amplement qu'on s'y arrête.

Ces sketches, regroupés sous les titres de "Sans ascenceur" et "Dieu habite Düsseldorf" sont souvent repris, notamment, il n'y a pas si longtemps par l'auteur lui-même en compagnie de Bruno Solo.

Ici, deux jeunes comédiens, Éric Verdin et Renaud Danner se lancent à leur tour dans l'exercice.

Ils n'y réussissent pas si mal.

Au hasard de ces sketches, on croisera un homme à qui on présente des "imbéciles", un autre, employé de banque qui, fasciné par les chiffres, en rajoute dans ses comptes. Un autre encore qui veut acheter un zizi (sic) ou qui va dans un site de rencontre pour se faire des amis. Un autre personnage, tout aussi incolore et banal que les autres, a empaillé son père de son vivant et se régale de l'entendre parler grâce à un magnétophone qu'il lui a accroché au cou.

On voir que Thiéry creusait déjà une veine iconoclaste : au-delà du ping-pong des mots et des énormités balancées sur un ton égal (et comme allant de soi) on retiendra une angoisse sous-jacente : face à la mort, à l'amour des parents (ou pas) à la solitude urbaine.

De la manière d'en dire long sans en avoir l'air.

Les deux comédiens (aussi metteurs en scène) se compliquent un peu la vie à déplacer et transporter des paravents blancs, pour délimiter des espaces différents. Mais leurs prestations sont efficaces et justes : sans effet intutile, ils font confiance au texte et on ne peut pas leur donner tort. Ils sont alternativement le clown blanc et l'auguste, le demandeur et l'autorité. Un simple échange de lunettes suffit.

Et on sourit. Et on rit.

Vous avez jusqu'au 8 juin pour goûter ce concentré d'absurde.

Gérard Noël

 

Dieu habite Dusseldorf

de Sébastien Thiéry

Mise en scène et avec : Éric  Verdin et Renaud Danner

Collaboration artistique : Jennifer Maria et Manuel Durand (mise en scène), Agnès Roland (scénographie)
Vidéo : Jean-Marie Carrel
Costumes : Amélie Robert


Mis en ligne le 18 avril 2019