Théâtre de la Michodière
4 bis rue de la Michodière
75002 Paris
01 47 42 95 22

Jusqu’au 1er juin 2017
du mardi au samedi à 20h30
matinée samedi à 16h30

 

 Photo © Lot

Clairvoyant, Steinbeck a adapté lui-même au théâtre, dans la foulée du succès, son roman publié en 1937. Et il a bien fait car, que ce soit sous forme littéraire, théâtrale, ou cinématographique, l’histoire est saisissante.

Amérique profonde, quelque part en Californie, fin des années 30, chaleur et pauvreté. Deux travailleurs itinérants arrivent dans un ranch pour y travailler à la semaine, leur objectif étant de gagner assez d’argent pour acheter leur propre ferme, cultiver la terre et élever des lapins. George est un homme sensé et futé, qui a pris sous son aile Lennie, un grand simplet à la force herculéenne. Ce dernier est forcément moqué par tous les employés de la ferme, car il aime la douceur tactile des fourrures animales et parle à peine, mais ses réactions peuvent être brutales et imprévisibles, il a du mal à se contrôler. Le fils du patron est, quant à lui, un chef agressif et colérique, surtout extrêmement jaloux des regards que les travailleurs et autres cowboys peuvent porter sur sa jeune et jolie femme. Et en effet, cette dernière, par ennui, se montre aguicheuse, cherchant sans cesse la compagnie des hommes. Les heurts sont inévitables, la tension monte, palpable, inquiétante…

Avec seulement quelques cageots et des planches en guise de décor, grâce aux belles lumières de Jacques Rouveyrollis, l’ambiance est créée.

Les comédiens ont un talent fou, ils sont tous formidables, bluffants, exprimant des personnalités fortes et d’époque. Ils font réellement ressentir la dureté de la vie, la pauvreté et la détresse qui sévissent à tous les niveaux dans ce ranch. Les bagarres sont impressionnantes, parfaitement réalisées, plus vraies que nature!

Respect à Philippe Ivancic qui réussit l’exploit poignant de sa transformation en un Lennie incroyablement effrayant et touchant à la fois. Jean-Philippe Evariste incarne un George lucide, qui exprime à merveille son tiraillement déchirant entre raison et amitié. Et ces deux là co-signent également la mise en scène…

Que dire? C’est un sans-faute, ils méritent amplement leur nomination aux Molières, et plus encore, ils méritent succès et reconnaissance.

En voici la preuve ultime: tout un car de lycéens récalcitrants venus voir la pièce, qui au départ n’avaient aucune envie d’aller au théâtre, ont été tenus en haleine, n’ont soufflé mot pendant toute la représentation, et ont fini par admettre en sortant, les yeux brillants d’émotion, avoir beaucoup aimé… Je pense que faire ainsi aimer le théâtre aux adolescents est certainement la plus belle des réussites pour les comédiens!

Luana Kim

 

Nota bene: le gentil chien de Philippe Ivancic partage la scène avec la troupe, il mérite bien aussi une mention spéciale, car il apporte d’autant plus de vérité animale aux souris et aux hommes…

 

Des souris et des hommes

De: John Steinbeck
Mise en scène: Jean-Philippe Evariste, Philippe Ivancic

Avec: Philippe Ivancic, Jean-Philippe Évariste, Dounia Coesens ou Agnès Ramy, Jean Hache, Jacques Bouanich ou Pascal Ivancic, Henri Déus, Emmanuel Lemire, Emmanuel Dabbous, Augustin Ruhabura, Hervé Jacobi

Direction d’acteurs : Anne Bourgeois
Lumières : Jacques Rouveyrollis
Musique : Bertrand Saint-Aubin
Costumes: Emily Beer