DEMAIN, IL FERA JOUR |
Théâtre de l'Oeuvre Pas facile de monter « Demain il fera jour », cette pièce suite de « Fils de personne » qui voit un avocat ayant défendu des Allemands pendant la guerre pousser son fils à entrer dans la Résistance afin de se dédouaner lorsqu'il sent le vent tourner. Comme à son habitude, Montherlant ne propose pas d'actions, pas de péripéties, pas d'intrigue, mais une exploration en profondeur de l'âme de ses personnages, de leur psychologie, des personnages finalement ni tout blancs ni tout noirs mais humains. Simplement humains. « Une pièce de théâtre ne m'intéresse que si l'action extérieure, réduite à la plus grande simplicité, n'y est qu'un prétexte à l'exploration de l'homme ; si l'auteur s'y est donné pour tâche non d'imaginer et de construire mécaniquement une intrigue, mais d'exprimer avec le maximum de vérité, d'intensité et de profondeur un certain nombre de mouvements de l'âme humaine » écrivait d'ailleurs l'auteur. Cette uvre dérangeante l'est encore plus par le parti pris par Michel Fau d'une mise en scène d'une grande sobriété laissant toute la place au texte, les comédiens ne se regardant pas et jouant face public dans une grande économie de gestes, avec un jeu « à l'ancienne » assez déroutant. Les mots du coup prennent toute leur saveur, ironiques, mordants, désabusés, avec des répliques d'un humour féroce qui font mouche. Michel Fau endosse toute la complexité du personnage du père et Léa Drucker incarne avec force cette mère, femme entretenue insouciante et légère que l'amour maternel rend parfois hystérique. Belle révélation que le jeune Loïc Mobihan dans le rôle du fils qui de lâche qu'il était dans « Fils de personne » devient là héroïque. L'atmosphère années 40 est parfaitement rendue par le très beau décor, intérieur bourgeois un peu étouffant, et les costumes, superbes. Le fils est parti, laissant la mère scruter désespérément entre deux rideaux la nuit noire qui s'étend sur Paris. Arrive le messager
Nicole Bourbon
Demain, il fera jour De Henry de Montherlant Avec Léa Drucker, Michel Fau, Loïc Mobihan, Roman Girelli Scénographie Bernard Fau
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