DEMAIN DÈS L’AUBE

Théâtre De Belleville
94 Rue du Faubourg du Temple
75011 Paris
01 48 06 72 34

Jusqu’au 22 mars
Du mercredi au samedi à 21h15, le dimanche à 17h

 

Demain dès l’aube

« Je ne veux pas que tu partes », répète la jeune fille assise dans un coin de la scène. Elle s’adresse à sa grand-mère, si jolie dans sa petite robe bleue. Les deux femmes nous invitent à voyager sur les sentiers tortueux de la mémoire et de leurs souvenirs partagés, entre scènes de vie – ou de mort, on ne sait pas vraiment : sont-ce des fantômes ? – on se situe en tout cas sur les mille frontières affectives, parfois douloureuses, qui séparent et réunissent les êtres d’âges opposés.

Et les deux femmes, donc, rient, jouent, s’amusent, se disputent, crient, pleurent, s’insultent même, puis se câlinent, se mettent à chanter, se font des confidences. Malgré les incompréhensions intergénérationnelles qui se manifestent par des piques acérées et un sens de la repartie aiguisé des deux actrices, c’est bien la tendresse qui prend le dessus entre les deux protagonistes. Leur belle complicité est fort émouvante et, grâce à un certain mimétisme dans leur jeu, elles parviennent à convoquer des airs de famille, donnant du corps à l’amour inconditionnel qui unit grands-parents et petits-enfants.

Quant au texte, tantôt doux, tantôt brut voire violent, il est mis à l’honneur par une mise en scène qui ne s’encombre pas de détail.

L’autre protagoniste de la pièce est inévitablement le temps, ce temps qui presse, le (peu de) temps qu’il reste, la perte de repères que suppose la pente glissant vers la fin de vie. Placée sous l’invocation de Victor Hugo et de son célèbre poème, qui dit avec une intensité lumineuse le besoin d’union, voire d’osmose, qui inscrit chaque être dans la continuité des générations, voilà une pièce touchante, dont la thématique convoque des souvenirs pour une grande majorité de spectateurs. Le rapport à la vieillesse et la perte d’autonomie d’un être cher pourraient sembler être un sujet banal : tout le monde y est confronté, on les redoute, on ne veut pas les envisager, et pourtant les voir en spectacle est finalement plutôt rassurant, sans doute car Évelyne Istria joue une magnifique vieille dame et Chloé Olivères une attendrissante petite-fille. Voilà un bien bel hommage à nos grands-mères qui nous rappelle que, les concernant, l’absence n’est pas toujours la mère de l’oubli.

Ivanne Galant

 

Demain dès l’aube

Texte : Pierre Notte

Mise en scène : Noémie Rosenblatt

Avec Évelyne Istria et Chloé Olivères

Lumière : Julia Riggs

Son : Marc Bretonnière

Scénographie : Angéline Croissant

Construction : Les Ateliers du Grand T

Costumes : Charlotte Gillard

Administration : Véronique Felenbok

 

 

Mis en ligne le 21 mars 2015

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