DE SI TENDRES LIENS |
Théâtre Darius Milhaud
Loleh Bellon a écrit une superbe pièce qui nous parle d'amour, d'amour entre une fille et une mère. Un amour tissé de mille liens. Une histoire simple qui peut résonner en chacun (ou plutôt chacune) de nous. Une vie qui passe. Des souvenirs dont chacune parle à sa façon. Avec sa propre perception. Un chemin qui nous mène, dans le même lit, de la petite fille qui a peur du noir à la mère qui a peur de la mort. Des moments où elles s'aiment, où elles se disputent, où elles se retrouvent, où elles culpabilisent. Benjamin Castaneda retrouve ici deux comédiennes qu'il connait bien pour les avoir dirigées dans ses précédentes mises en scène et elles se révèlent parfaites dans ces deux rôles auxquels elles donnent âme et profondeur, tour à tour drôles puis émouvantes. Véronique Martin arrive à être la fille de l'enfance à l'âge adulte sans artifices aucuns et on y croit tant les seules expressions sont d'une grande justesse. Françoise Levesque apporte une belle complexité au personnage de la mère souvent incomprise de sa fille. Car chacune voit la même scène de façon différente, chacune se sentant plus ou moins incomprise de l'autre. Mais quelle fille n'a pas été à un moment ou à un autre excédée par sa mère malgré tout l'amour qu'elle lui porte ? Quelle mère n'a jamais été un peu intrusive tant il est difficile de ne plus se sentir responsable de son enfant ? Mais toutes les tensions s'effacent lorsque se profile l'ombre de la séparation définitive. Ne reste que l'amour et aussi le regret de ce qu'on a raté, ces moments où emportés par sa propre vie on a un peu négligé l'autre. Benjamin Castaneda signe une belle mise en scène, où les différents épisodes sont séparés par des extraits sonores de chansons ou de films de l'époque concernée sans qu'on ait vraiment besoin de véritables repères chronologiques tant les thèmes abordés sont intemporels. Pour mieux d'ailleurs le souligner les deux comédiennes traversent ces 40 années de leur vie sans jamais changer de costumes, jouant simplement de quelques accessoires et le décor reste figé dans les années 50 avec le poste de radio de l'époque. Une belle histoire, un beau spectacle dont on sort très ému.
Nicole Bourbon
De si tendres liens De Loleh Bellon Avec Françoise Levesque et Véronique Martin
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