DANCEFLOOR MEMORIES
Comédie Française
Studio Théâtre
Carrousel du Louvre
Place de la Pyramide inversée
99 rue de Rivoli
75001 Paris
01 44 58 98 58
Jusqu’au 10 mai 2015
Du mercredi au dimanche à 18h30
Pierre et Marguerite se sont rencontrés, ont dansé, se sont mariés, se sont beaucoup aimés, ont élevé leurs enfants, qui ont à leur tour fait leurs vies. Mais ça, c’est le passé. Ce passé qui échappe de plus en plus à Pierre, maintenant trahi par sa mémoire, désemparé et démuni devant un présent qu’il ne comprend plus.
On a plus l’habitude de voir dans la maladie d’Alzheimer un thème de médecine, de conversations familiales ou de débats sociétaux. Avec ces Dancefloor Memories, la jeune et brillante Lucie Depauw l’érige en un véritable objet littéraire. Point question ici de pathologie ou de coût de prise en charge mais seulement de ce que cet oubli fait vivre au couple, à la nostalgie qu’il inspire, à l’inquiétude qu’il fait naître et à la façon dont il révèle que la mémoire est inscrite autant dans nos corps que dans nos âmes. Car le problème n’est pas tant la maladie que le temps qui passe et qui transforme les sentiments et qui bouscule la vie.
Au fur et à mesure que la pièce progresse, on assiste aux émerveillements de Pierre, admirablement campé par un Hervé Pierre éberlué, savourant les soins que lui prodigue l’employée Léonie comme on savoure pour la première fois la douceur des mains posées sur soi. Parallèlement Marguerite (très élégante Elsa Lepoivre) s’autorise à sortir du rôle de mère qu’elle a joué auprès de ses enfants puis auprès de ce mari devenu faible dépendant, pour se redécouvrir comme femme séduisante dans le regard que Gary, lui-même tout à la joie de retrouver la vigueur de sa virilité, pose sur elle. Un trio d’amour, donc, sur fond musical, un trio un peu triste mais poignant, où chacun traite l’autre avec les égards qu’il lui doit. Marguerite garde pour Pierre une immense tendresse et un véritable amour, mais elle devient une étrangère pour lui. Gary fait danser Marguerite et lui parle du désir, la persuade de sa beauté et de sa fragilité – mais, au fond, n’est-ce pas la même chose ?
Frédéric Manzini
Dancefloor Memories
De Lucie Depauw
Mise en scène : Hervé Van der Meulen
Assistant à la mise en scène : Charles Leplomb
Travail chorégraphique : Jean-Marc Hoolbecq
Scénographie : Claire Belloc
Lumières : Stéphane Deschamps
Costumes : Isabelle Pasquier
Avec : Elsa Lepoivre (Marguerite), Christian Gonon (Gary) et Hervé Pierre (Pierre)
Mis en ligne le 29 mars 2015