Théâtre du Temps
9 rue Morvan
75011 Paris
01 43 55 10 88 

Jusqu’au 18 décembre
Le vendredi à 20h00

 

C’est un spectacle surprenant que nous propose le joli théâtre du Temps à l’ambiance japonisante très zen.

Un spectacle qui fait revivre deux grandes figures de la Renaissance italienne, Michel-Ange et Léonard de Vinci.

En 1503 et 1504, commande fut passée à ces deux génies de réaliser chacun une fresque dans la Sala del Consiglio (aujourd’hui Sala dei Cinquencento) du Palazzo Vecchio pour célébrer la grandeur et la puissance de Florence qui venait d’être arrachée aux Médicis.

L’auteur et metteur en scène Alessandro Avellis nous fait revivre ce moment, imaginant la rencontre entre ces deux hommes, leurs échanges de point de vue parfois vifs et leur admiration réciproque. Il faut dire qu’il sait de quoi il parle ayant mené des années d'études de théâtre et de cinéma, d'abord aux Beaux-Arts puis à La Sapienza de Rome.

Nous voyons ainsi Michel-Ange défendre la tradition de la nudité héroïque antique tandis que Léonard de Vinci préfère la représentation violente des combats de cavalerie, avec une très réaliste représentation des chevaux et des études de visages à l’expression dramatique.

Nous assistons également aux relations entre les deux maîtres et leur disciple ainsi qu’avec le commanditaire des œuvres le gonfalonier Pier Soderini.

Voilà pour le fond, déjà fort intéressant en soi mais qui aurait pu rapidement se montrer didactique et ennuyeux.

Or la forme choisie, audacieuse et très étonnante, évite habilement cet écueil, mêlant les époques et dans le texte et dans le jeu des comédiens et dans le choix des costumes.

Cela rend le propos particulièrement vivant et accessible, avec des rimes bien balancées, bien que parfois un peu potaches, des références à notre époque et une façon de jouer très naturelle.

Pratiquement pas de décor mais des études sur carton au fusain excellemment bien réalisées de deux des corps de La Bataille de Cascina de Michel-Ange et d’un cavalier sur son cheval extrait de La bataille d’Anghiari de Léonard de Vinci. Rappelons que ces fresques furent toutes deux inachevées et ont toutes deux disparu. On les connaît par des copies réalisées l’une par Aristotele da Sangallo et l’autre par Rubens.

Cette belle réflexion sur l’art à la fois très documentée et menée dans un ton décalé est assurément une expérience théâtrale intéressante, il manque encore un peu de rythme à l’ensemble et de de maîtrise aux plus jeunes comédiens pour être complètement réjouissant. Mais on n’est qu’aux débuts des représentations, gageons qu’ils prendront rapidement leurs marques.

Nicole Bourbon

 

Da Vinci contre Michel-Ange

Auteur et metteur en scène Alessandro Avellis

Avec Philippe Nicaud, Frédéric Franzil, Pascal Paolini, Julian Marandi, Philip Delamare

Musique originale Gilles Andrieux
Graphiste Philippe Khayat