CYRANO

Funambule Théâtre,
53 rue des Saules
75018 Paris 
01 42 23 88 83

à partir du 9 juillet 2019,
du mardi au samedi 19h ou 21h.
Le dimanche à 18h

 

Cyrano loupe Photo © Fabienne Rappeneau

Une nouvelle présentation de Cyrano... est-ce encore possible ? Que oui !

La compagnie Le Théâtre Les Pieds Nus, propose un Cyrano féminin éclairé à la bougie, comme on jouait au XVIIème siècle. Il y a aussi des masques et souvent le jeu (façon  théâtre No) est frontal, face public.

Louise Doutreligne avait, en son temps, proposé un "Don Juan d'origine" ou Tirso de Molina était joué par les jeunes filles d'un pensionnat. Ce qui donnait lieu à un savoureux jeu dans le jeu, don Juan étant, bien sûr, joué par une actrice.

Ici, on oublie vite cette féminisation de l'éternelle pièce de Rostand. Les trois comédiennes ont un peu raccourci la pièce. Elles nous racontent les enchaînements et conservent l'essentiel, les nœuds dramatiques, les morceaux de bravoure qui, isolés, débarassés des décors et des autres personnages en général sur scène, prennent tout leur éclat, tout leur envol.

Ces jeunes femmes (et leur metteur en scène) ont fait un pari audacieux : la pièce, très dense, retraçant des destins particuliers (ceux de Cyrano, Roxane et Christian, mais aussi celui de l'infâme de Guiche, voire du pâtissier Ragueneau ou de l'ami Le Bret) est ramassée : seul l'intrigue principale, d'un romantisme échevelé, est au cœur des préoccupations du trio. Elle émeut encore, elle fait sourire ou rêver. Une fois encore les vers du vieux Rostand gardent toute leur fluidité et leur efficacité (parfois aussi, avouons-le, leur facilité).

Un léger reproche : cette présentation étonne. Elle fonctionne bien, mais peut-être mieux chez des spectacteurs qui connaisssent déjà l'oeuvre citée. Pour les plus jeunes, la question reste posée : la préciosité et la virtuosité dont Rostand fait preuve sont projetées sur scène, de façon brute, pourrait-on dire. Elles ne sont plus enchâssées, comme l'avait voulu l'auteur, dans une ensemble construit et cohérent, englobant des personnages secondaires, une ambiance, une époque historique, éléments qui "équilibraient" la pièce et en faisait un des chefs d'oeuvre du théâtre. Comme quoi toute médaille a son revers !

Ce rôle (un des plus longs, sinon le plus long du théâtre) est  heureusement partagé en trois : au hasard du passage de masque, c'est l'une ou l'autre (ou la troisième des comédienne) qui l'endosse : comme elles sont alternativement Christian, à visage découvert... ou de Guiche.

Ne boudons pas, pourtant, notre plaisir : Sous cette forme, le spectacle se tient bien.

Il tient bon.

Il est jubilatoire et si finement joué qu'on est pris. Forcément.

Et qu'on en ressort content. N'est-ce pas l'essentiel ? 

Gérard Noël

 

Cyrano

D’après Edmond Rostand, mise en scène : Bastien Ossart

Avec : Iana-Serena de Freitas, Lucie Delpierre, Nataly Florez en alternance avec Marjorie Larquier


Mis en ligne le 25 juin 2019