Cowboy mouth, c'est un voyage, un trip, un « Very Bad Trip » pourrait-on dire, dans une ambiance très seventies, une incursion dans le domaine du rêve, de la poésie, de l'humour, de la violence dont on ne sort pas indemne.

L'histoire est connue : Patti Smith, chanteuse pas encore célèbre – Oui c'est bien celle de l'incroyable « Because the night » qu'elle écrira bien plus tard avec Bruce Springteen – et Sam Shepard, dramaturge cantonné alors au Broadway Off, vivent un amour aussi bref qu'intense, enfermés deux nuits et deux jours dans une chambre d'hôtel pendant lesquels ils écriront cette pièce. Puis l'écrivain partira rejoindre épouse et enfant.

C'est un éclairage cru sur une certaine jeunesse de l'Amérique des années 70', une jeunesse en proie aux doutes et à l'inquiétude. Un peu comme aujourd'hui.

Pendant 1h30, Cavale et Slim vont s'affronter, se battre, s'aimer, se soutenir, rêver, nous faire croire à une histoire insensée dans un corps à corps épuisant, portés par un imaginaire d'une noirceur terrifiante et d'une folie hallucinée.

Il fallait pour donner vie à ces deux paumés deux interprètes exceptionnels.

Cali qui fait ici ses premiers pas de comédien est étonnant, il donne une vérité incroyable à son personnage qu'il porte avec sensibilité et sincérité.

Marie Barraud est bouleversante, transportée, habitée par le rôle – elle en a fait l'adaptation – avec une voix cassée qui nous attrape le cœur et nous le tord. Elle joue, chante ou fait des claquettes comme si sa vie en dépendait.

Beau moment d'émotion lorsqu'ils nous chantent ensemble une ballade que Cali accompagne à la guitare.

On est comme possédés, envoûtés, tout du long, jusqu'à la fin, surprenante.

Nicole Bourbon

 

Cowboy Mouth

de Sam Shepard et Patti Smith
Mise en scène : Nicolas Tarrin

Avec : Marie Barraud, Cali, Andrey Zouari