Photos : Émilie Brouchon

D'Azzopardi et Danino, j'avais déjà vu Mission Florimont, Le tour du monde en 80 jours, Dernier coup de ciseaux (Molière 2014 de la meilleure comédie).

C'est dire si je m'attendais à une bonne soirée, à rire, à être emportée par la folie de ces deux trublions.

Et là, surprise !

Surprise car… je me suis trouvée propulsée bien au-delà de ce que j'avais subodoré.

(Voilà, je me fais mon petit coup de théâtre à moi !)

Eh oui ces deux diables-là ont réussi à encore plus me surprendre, m'amuser, m'emmener plus loin que ce que je pouvais imaginer.

Là c'est de la folie à l'état pur, un voyage insensé, un mélange hautement réussi entre les différents genres théâtraux (il faut dire que les deux-là connaissent le répertoire sur le bout des doigts), c'est truffé de gags, de références, d'humour, de cet humour parfois potache qui est leur marque de fabrique, de trouvailles hilarantes, c'est foisonnant, pétillant, brillant, démesuré, savoureux, éblouissant, intelligent, déjanté à souhait, efficace car très maîtrisé, en un mot un incroyable et irrésistible tour de force.

Car voilà que par la grâce de l'imagination débridée de nos deux prolixes auteurs, nous suivons Ulysse et sa jupette dans sa quête de la quenouille sacrée qui lui fera traverser outre les siècles, les univers si différents de la tragédie grecque, de la Commedia dell Arte, de Shakespeare, de Molière, de Tchékhov, de Feydeau, de Beckett astucieusement mêlé à Ionesco pour terminer dans les paillettes de Broadway !

Du grand art tant le style de chacun de ces grands maîtres est parfaitement recréé tant dans l'écriture que dans le jeu des comédiens.

Car les interprètes sont bien entendu, à la hauteur du texte, interprétant à sept tous les personnages, chantant, dansant, changeant de ton à chaque fois, et de costumes à la vitesse grand V, voire manipulant eux-mêmes les éléments de décor tout en jouant, avec une énergie confondante et sur un rythme d'enfer !

C'est une vraie déclaration d'amour au théâtre sous toutes ses formes, avec en filigrane tout au long et clairement exprimé vers la fin, la question du destin et de notre libre arbitre. Ne sommes-nous pas nous aussi prisonniers de ce qui est écrit tout comme les personnages de théâtre le sont ?

Illusion, tout est illusion.

Nicole Bourbon

 

Coup de théâtre(s)

de Sébastien Azzopardi, Sacha Danino
Mise en scène : Sébastien Azzopardi

Avec : Benoît Cauden, Alyzée Costes, Alexandre Guilbaud, Nicolas Martinez, Laurent Maurel, Olivier Ruidavet, Salomé Talaboulma