COMÉDIEN MODE D'EMPLOI

Au théâtre Essaîon
6 rue Pierre-au-lard
75004 PARIS

Comme on aurait aimé aimer le spectacle de David Friszman. D'abord parce qu'il se joue au théâtre Essaïon, jolie petite salle située près de Beaubourg où, par le passé, José Valverde a su marier découverte et qualité. Ici, on pense assez rapidement que ce spectacle ressort davantage du café-théâtre dès l'arrivée du comédien, dans un faux naturel apprêté, puis ce côté conférencier qui va, dit-il, nous permettre de devenir comédien en une heure ou à peu près. En fait, à l'exception d'un petit exercice collectif, l'essentiel du spectacle consiste en considérations sur la petite histoire du théâtre, ses superstitions, ses anecdotes, ses citations, – invariablement attribuées à Louis Jouvet ou Sarah Bernard ou encore Sacha Guitry.

Par la suite, David joue la théâtralité en faisant intervenir un appel de son portable annonçant une déception professionnelle. Il prétend n'être qu'un vendeur de voitures qui aurait pris la place du conférencier, pour des raisons obscures, bref, tout un lot d'astuces plus ou moins neuves, pas trop mal jouées mais en tout cas écrites avec les pieds. Le personnage s'appelle-t-il Jérôme, ou Thierry, – ou encore David, beaucoup de spectateurs ont renoncé à comprendre.

 Il aurait fallu à l'auteur-interprète plus de travail pour que l'on soit pris par cette fiction. Qu'en reste-t-il au final : une heure et quelque passée avec un ludion, – sympathique (il le dit à plusieurs reprises et on ne peut qu'être d'accord avec lui) un rien d'appréhension du public quand il est question de chercher un partenaire pour une improvisation. Encore une fois, ce début ne débouche sur rien, – ou sur pas grand-chose. Banalement éclairé, mis en scène on ne sait pas trop comment (pourquoi une échelle sur scène ? Est-il vraiment nécessaire de nous infliger, en plus,  une chanson de Joe Dassin ?  Ce faux conférencier  a reçu, le soir où j'y étais, un accueil mitigé. Et le fait d'avoir fait travailler aux spectateurs les quatre intensités d'applaudissements, ne fait que souligner, immédiatement, la façon dont le spectacle a été perçu.

À la toute fin, David Friszman annonce, entre deux tracts, qu'il a écrit une pièce, laquelle va être jouée au théâtre Clavel par lui-même et d'autres comédiens. Souhaitons que l'exigence soit davantage au rendez-vous.

 

Gérard NOEL

 

Auteur : David Friszman

Avec : David Friszman

Mise en scène :. Frédéric d'Elia