Théâtre de Poche Montparnasse
75, boulevard du Montparnasse 
75006 Paris
01 45 44 50 21

Jusqu’au 1er juillet 2017
les vendredis et samedis à 20h30

 

 

Vous avez dit “spectacle de cabaret littéraire” ?… Non, il ne suffit pas de placer des petites tables rondes dans la salle basse du Poche pour décréter que ce qui s’y passe est “Cabaret”. Pour le “littéraire” oui, d’accord. Mais pour ce qui est de “spectacle” : non. En réalité ce qui s’y passe ressemble plus à une émission culturelle, un débat télévisé d’intellectuels d’un cercle très restreint qui échangent “entre-soi” des réflexions sur leur sujet d’expertise : en l’occurrence, Colette.

À la table centrale, seule rectangulaire de la pièce, préside la royale Judith Magre : majestueuse, merveilleuse, charismatique. Avec à sa gauche Élisabeth Quin, et à sa droite Philippe Tesson. Ce dernier, journaliste de l’audiovisuel et critique dramatique, est également le directeur des lieux. Il va de soi qu’il est parfaitement à son aise, il est chez lui, en maître et en famille, il mène la danse, boit, grignote, bref se fait plaisir. Nous, en revanche, avons la (pas si agréable) surprise de devoir payer (trop cher et cash) les verres de la (trop maigre, se limitant à trois choix de boissons) carte qui nous est quasiment imposée. Bon, au moins l’équipe (oh combien) présente du théâtre peut être contente et se frotter les mains, la salle est pleine, ils vont pouvoir renflouer les caisses…

Voilà donc Monsieur Tesson qui verbalement va et vient dans la vie de Colette, avec bon nombre de convictions et moult répétitions, ébauchant par moments un dialogue avec sa comparse Élisabeth Quin qui proteste qu’elle ne fait que lui servir de béquille. Ce qui n’est pas faux… De temps en temps Judith, avec ses grands yeux rêveurs et son charme irrésistiblement délicieux, nous fait la lecture de lettres et de recettes de cuisine de Colette. De temps en temps nous avons aussi droit à des plages musicales : Ravel, Debussy et Fauré qu’interprète avec intensité au piano l’excellent Jean-Baptiste Doulcet.

Nous sommes à ce stade à peu près certains d’en avoir retenu l’essentiel : Colette, femme de lettres, libre, sensuelle et sexuelle, souvent scandaleuse, aimait beaucoup beaucoup les hommes, et aussi les femmes. Elle a débuté comme écrivain sous l’emprise et la houlette de son premier mari, s’est adonnée, entre-autres, au music-hall et au théâtre. Elle eut des amantes, un deuxième, un troisième mari, et encore des amants, plus jeunes, comme son beau-fils même…

Au bout de deux bonnes heures de ce documentaire fort didactique, nous ressortons inconsolables de deux frustrations : d’abord le regret que l’exceptionnelle Madame Magre n’ait eu la possibilité de s’exprimer en jouant le rôle principal qui lui revient de droit ; d’autre part la déception qu’aucune allusion aux félins n’ait été faite, alors que Colette en était une très grande amoureuse. Oubli impardonnable qui mérite un petit coup de griffe, nom d’un chat !

Luana Kim

 

Colette & l’Amour

Cabaret littéraire conçu et animé par Philippe Tesson

Avec : Judith Magre, Élisabeth Quin, Philippe Tesson

Piano : Jean-Baptiste Doulcet
Décor : Laurence Bost
Lumière : François Loiseau