Basé sur une compilation de textes de Michel Onfray extraits de différents ouvrages, ce spectacle tente d'aborder la pensée du philosophe à partir du charnel, du vécu et du à vivre.

Sur scène Thomas Cousseau incarne Michel Onfray. Il est pris dans un espace géométrique à trois dimensions, un cube qui se déforme, s'élève ou s'aplatit de lui-même comme habité par une vie propre. Toutes ces figures illustrent le propos du narrateur. Elles sont le carcan et les perspectives dans lesquelles se meut son corps, elles rappellent quelque chose de cartésien contre lequel butent la vitalité et l'imaginaire.

C'est dans le labyrinthe de la mémoire, des sensations et des émotions que va évoluer Thomas Cousseau qui, seul en scène, incarne le philosophe, à l'écoute des palpitations de son corps et de son âme. La pensée d'Onfray est incarnée : elle puise sa force dans la vie même, dans ce qui construit un homme, de ce qui en fait un être pensant. Très proche de Nietzsche, son discours trouve ses racines dans le réel, l'intime, le vécu.

Onfray n'est pas né dans les limbes de la caste intellectuelle. De cette absence de privilège il a fait la matière de sa philosophie : une philosophie en acte. Une philosophie du présent qui ne fait pas abstraction du corps et des réalités sociales, au contraire : son enfance dans un orphelinat (où il a été déposé par sa mère… un comble !) comme son expérience dans une usine où l'individu se déforme à l'usage de la machine sont des blessures dont il fait des armes pour conquérir une liberté individuelle.

Ce spectacle intelligemment mis en scène par Patrick Simon, donne envie de se plonger dans l'œuvre de ce philosophe car des liens de fraternité se tissent insensiblement tout au cours de la pièce entre lui et nous, une proximité qui donne envie de faire de ses propres blessures des socles sur lesquels construire son existence personnelle et de partager cette vision hédoniste.

Une nuance pourtant : il manque au jeu de Thomas Cousseau cette ironie qui est l'oxygène de celui qui cherche dans les profondeurs de l'humain. Une sorte de fébrilité qui charge ces souvenirs et ces pensées d'une émotion un peu trop voyante, ce qui nuit au claquement que devrait faire certaines phrases pour atteindre leur but.

Bruno Fougniès

 

Changer constamment en lumière et en flamme

Textes de Michel Onfray, adaptation Dominique Paquet
Mise en scène Patrick Simon, assistant Guillaume Tarbouriech
Scénographie Goury
Lumières Cyril Hamès

Avec Thomas Cousseau