Tout le monde connaît l'histoire de Cendrillon, sa misérable vie, la proximité avec son père, qui disparaît prématurément, l'horrible belle-mère et les deux méchantes sœurs. Après une petite entrée en matière où les comédiennes discutent avec le public, les voilà toutes trois en scène. Il y a Lucrézia et Chiara, les sœurs… et Cendrillon, bien sûr.

Avec ce bel effet qu'est l'utilisation de masques géants et le recours à des « canzonnetas » italiennes, on est tout de suite dans le bain. Et cela ne s'arrêtera pas. L'auteur-metteur en scène utilise la trame du conte de Perrault et le transforme au gré de sa fantaisie : elle a bien raison. Assez rapidement, on oublie le bal pour lequel les sœurs se préparent… tout comme Cendrillon, par le fait, pour plonger dans une histoire de coffre au trésor dont manque la clé, ainsi que d'une révolution qui menacerait le palais. Le peuple gronde, il a faim.

Et c'est alors qu'arrive sur la pointe de ses ballerines, la « commedia dell' arte », avec des personnages qui lui sont empruntés directement : Arlequin en serviteur rusé, ainsi que le Capitan… et Zanni, petit personnage lâche, dont chaque effet porte. Ce sont, bien sûr, les trois mêmes comédiennes qu'on retrouve sous les masques. Elles font preuve de beaucoup d'allant dans leur jeu. On est charmé, on rit, bref, tout passe.

Reste que certains effets, répétés, gagneraient à l'être une fois ou deux de moins. Reste aussi qu'on a l'impression, à un moment que l'auteur à coup de rebondissements et de gags tous plus ébouriffants les uns que les autres, ne sait plus très bien comment diable elle va finir son spectacle. Le décor, de simples tréteaux, est sobre, comme de juste. Quant aux tenues des personnages masqués, elles seraient presque plus réussies que les robes des sœurs.

Pour conclure, ce spectacle dit « pour enfants » est bien évidemment visible par tous les publics et les « grands » y trouveront matière à passer une bonne « soirée » d'après-midi tout autant que les plus jeunes. Pour le métier des comédiennes, leur enthousiasme… leur plaisir évident à jouer, il faut voir, bien sûr, cette Cendrillon qui ne se prend pas au sérieux même quand elle « va-t-en guerre » !

Gérard Noël

 

Cendrillon s'en va-t-en guerre

Scénario et mise en scène : Anna Cottiz.

Avec (en alternance) : Léa Loyer, Mathilde De Groot Van Embden, Ana Leon Moreno, Julie Mori, Lisa Labbé