CALLAS |
La Manufacture des Abbesses Du 23 Août au 7 Octobre 2012 Par sa voix sublime au large registre, à l'intensité dramatique inimitable et sa vie où le flamboyant le dispute au pathétique, Maria Callas a imprimé pour toujours son empreinte dans l'histoire de l'art lyrique. Sa personnalité mythique n'a cessé d'inspirer des biographies écrites, filmées ou théâtrales, plus ou moins fidèles. Dans « Callas », Jean-Yves Picq, auteur d'une trentaine de pièces, a voulu à son tour rendre hommage à celle que Léonard Bernstein surnommait « la bible de l'opéra », en imaginant une unique conférence de presse dont il tisse l'écriture à l'aide d'extraits d'articles, d'interviews et de reportages parus de 1957 à 1974, soit trois ans avant sa mort. Assise au centre d'une immense table en altuglas sur laquelle se dressent deux rangées de six micros, tels des instruments de torture, symbolisant les attaques dont elle eut souvent à souffrir de la part de la presse, La Callas est sensée revivre, et nous retracer son parcours qui l'a menée à triompher dans les plus grands rôles, comme Norma de Bellini, Tosca de Puccini, Lucia di Lammermoor de Donizetti, La Traviata de Verdi... Nous découvrons une femme qui se fait un devoir de servir toujours mieux, sans aucune concession, sa passion pour le Bel Canto pour être digne de cette vie et de ce don hérité de dieu. Mais derrière la Diva tour à tour adulée et décriée, se cache une femme blessée par une enfance volée, un mari qui ne sera qu'un impresario, les cabales orchestrées par les médias et sa passion déçue pour Onassis, auquel elle ne survivra que deux ans. Ce seule en scène est une performance pour la jeune comédienne Noémie Bianco, qui dans une mise en scène minimaliste de Jean-Marc Avocat, met toute sa conviction et tout son cœur à porter la parole de la Prima Donna assoluta, sans la trahir. Mais je ne puis m'empêcher de souligner que c'est une très lourde tâche pour une femme de 25 ans que de devoir incarner une légende à la personnalité dense et passionnée, renforcée par une vie en tous points hors du commun. Maria Callas n'était pas seulement une des dix plus grandes sopranos, elle était aussi une tragédienne capable de rester digne et de grande classe en toutes circonstances. J'aurais donc été plus convaincue si le metteur en scène avait guidé son interprète vers une gestuelle plus sobre et une attitude plus altière, en donnant la priorité au ressenti profond. Ce spectacle fera plaisir aux nombreux inconditionnels de La Callas et permettra aux autres de la découvrir.
Tanya Drouginska
"CALLAS" de Jean-Yves Picq Mise en scène de Jean-Marc Avocat Avec Noémie Bianco Lumière: justine Nahon
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