Théâtre de la Tempête
Cartoucherie 
Route du Champ-de-Manœuvre
75012 Paris
Tel : 01 43 28 36 36

Jusqu’au 15 avril 2018
du mardi au samedi 20h30.
Dimanche 16h30.

 

 

On connaissait de J.M Synge, « Le baladin du monde occidental », bien sûr et « Deirdre des douleurs ». Voici qu’on nous exhume une pièce bien moins connue, « L’ombre de la vallée ». Elle fut écrite par Synge, après un séjour aux îles d’Aran. Ici, elle sert de base à cette variation signée, en fait, Nathalie Bécue.
Nous sommes au début du siècle, dans un coin reculé d’Irlande : une femme, Alice Burke, veille son mari qui vient de mourir et qui, détail important, lui a bien demandé de ne pas le toucher. Il laisse ce soin à sa soeur. La femme reçoit alors la visite d’un voyageur prénommé John (Synge lui-même). Comme elle s’éclipse, Daniel, le mari, révèle qu’il n’est pas mort. Choc. Et ce n’est pas fini.
Si Synge avait axé sa pièce sur cette tradition irlandaire (contrefaire le mort) et ses conséquences tragi-comiques... on voit bien que ce n’est pas ce qui a intéressé Nathalie Bécue. Elle a vu là l’occasion de développer des personnages, inventer, comme elle dit « un parler à ces taiseux et à y glisser toute la tendresse, toutes les violences qui les habitent. »
Dans décor sobre, et à l’aide de quelques élements « parlants », nous avons donc droit à des variations sur le couple, la solitude, la vie des paysans-éleveurs de moutons, leurs soucis et surtout l’aliénation de l’épouse.
Le problème est qu’il y a quelques longueurs : à côté de fulgurances et de trouvailles : « Comme on vit, on meurt, même visage ! » ou bien, lancé par la femme, « Mariez-vous, vous trimerez. », la pièce est statique.
Elle est, heureusement, brillament jouée par Pierre-Alain Chapuis (Daniel Burke) avec sa rudesse et ses emportements ou Philippe Smith, dans le rôle de John. Théo Chedeville a la fougue de la jeunesse, mais on retiendra surtout l’auteur-interprète Nathalie Bécue : elle est émouvante et forte dans ce rôle de femme en révolte et qui n’a, au bout du compte, que le choix entre trois destins incarnés... par trois hommes.

Gérard Noël

 

Bourrasque

de Nathalie Bécue.
Mise en scène : Félix Prader.

Avec Nathalie Bécue, Pierre-Alain Chapuis, Théo Chedeville, Philippe Smith.

Scénographie et costumes : Cécilia Galli
Son : Estelle Lembert
Collaboration artistique : Aurélia Guillet
Direction des combats : François Rostain