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Trois faits divers sur la violence ordinaire, trois courtes histoires de vies saccagées par l'ambition, la vengeance et la stupidité de vouloir décider ce qu'est le bien ou le mal.

Trois actes monstrueux que chaque coupable cherche à minimiser comme s'il avait aidé le destin à tracer son inéducable chemin de vie. Se vautrant même dans le cynisme pour expliquer leur nécessité sociale ou amoureuse qui a engendré l'irréparable. Trois horribles tourments dénués de toute culpabilité, enveloppés dans les habits noirs de l'Amérique puritaine.

Neil LaBute a écrit un texte « coup de poing » que l'on prend en pleine face, poussant à l'extrême les situations avec un réel décalage par rapport à la réalité des faits car aucun n'a eu à assumer sa responsabilité face à la société. Sur scène rien d'autre que le coupable qui derrière l'invisible grille du confessionnal s'adresse au public sans autre forme d'émotion que celle d'y installer le soin du détail d'un moment particulier de leur existence torturée. Des images que l'on peut imager sur l'écran blanc d'une salle obscure, violentes, calculées, tranchantes comme la lame d'un rasoir. Le cadre qui pour garder son train de vie à crédit commet l'abominable infanticide, la jeune fille de treize ans, séduite et abandonnée par son professeur qui sacrifie leur enfant par esprit de vengeance, l'homophobie sordide de trois jeunes en quête de sensations fortes dans Central Park.

C'est une pièce forte, dérangeante mais magnifiquement interprétée par Sarah Biasini et Benoit Solès, tous deux très justes, à tel point que le témoin silencieux que j'étais, condamné dans mon fauteuil à écouter sans réagir leur terrible monologue, aurait aimé se lever à un moment pour leur cracher à la figure tellement je les trouvais monstrueux et démoniaques et combien je souhaitais que le remords les brûle de l'intérieur le reste de leur ignoble existence.

Mais voilà ! Je ne l'ai pas fait... et vous que ferez-vous ?

Patrick Rouet

 

Bash

De Neil LaBute
Texte français de Pierre Laville
Mise en scène de  Gilbert Pascal

Avec Sarah Biasini et Benoît Solès