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Bash ! Et vlan ! « Bash » claque le spectateur en accord parfait avec sa résonnance et sa signification :  « coup de poing » et « fête »….

« Bash » , c'est  trois monologues reliés par un socle commun : la lâcheté humaine, le désarroi, le chaos du monde actuel racontés et vécus par monsieur et madame Tout l'monde.  Ce cadre moyen qui commet l'irréparable pour préserver son travail et sa vie matérielle, c'est vous, c'est moi ? Cette jeune femme qui programme une vengeance implacable contre l'homme qu'elle a passionnément aimé,  c'est vous, c'est moi ? Ces jeunes gens qui font la fête à New York et qui cèdent à leurs pulsions au nom du Bien et du Mal, c'est vous, c'est moi ? A ces questions, on aimerait tellement dire « non » tant l'auteur américain Neil LaBute nous entraine  au bout du bout de l'inconcevable, de l'inénarrable ! D'ailleurs chaque protagoniste,  qui évoque un épisode particulier de son existence, ne l'a jamais dévoilé à personne.

En confessant aux spectateurs cet instant de leur vie où tout a basculé, chaque personnage est supposé soulager  sa conscience. Sauf qu'en l'occurrence, la culpabilité n'est pas ce qui les étouffe. Embrouillés dans leur inconscience des valeurs,  les personnages aiment à nier leur responsabilité au nom du destin !  Tout au plus invoquent-ils  la pression d'une pulsion, d'une nécessité sociale.  Pour preuve, l'impunité commune !

L'écriture fluide, quasi familière, les variations de rythme, le ton léger en décalage avec la lourdeur du propos donnent une force et une violence inouïes à cet ovni théâtral.

Jouée avec succès à Londres, Berlin et New York depuis plus de dix ans, cette partition virtuose, que j'ai adorée,  est interprétée par deux comédiens  au jeu subtil, la solaire Sarah Biasini et l'élégant Bruno Solès.

Une précision : surtout ne pas lire le programme distribué à l'entrée. Ces trois nouvelles sont tellement bouleversantes qu'il serait dommage de déflorer le voyage apocalyptique auquel vous allez assister. Rentrez  tranquillement dans le quotidien de ces personnages anodins et …accrochez vos ceintures !

Patricia Lacan Martin

 

Bash

De Neil LaBute
Texte français de Pierre Laville
Mise en scène de  Gilbert Pascal

Avec Sarah Biasini et Benoît Solès