Théâtre Clavel
3 rue Clavel
75019 Paris 19
01.42.38.22.58
Les mardis et mercredis du 14 au 31 mai et le 1^er juin, 21H30

 

Ça veut parler. Sans prendre de forme, sans cérémonie. Ça commence par un « Ça va ! » lancé dans le micro par une type en perfecto comme au temps des seventies. Il se moque gentiment du pianiste en avant-scène qui nous a fait le prélude. Puis ça commence.

Le théâtre pris comme une vitrine du monde. Un monde magnifiquement rock-and-roll. Des personnages taillés dans l'espace laissé libre entre la réalité la plus brutale et le fantasme le plus débridé. Dans ce mince espace se joue toute l'histoire.

Rien n'est impossible entre ces deux absolus : réalité la plus trash et imaginaire déroulant ! Des personnages exutoires et pourtant presque anodins. Du moins leurs rêves : l'un, le héros, idolâtre

Elvis, son frère croit vivre l'Amour avec une dulcinée vierge et innocente, un poète maudit en panne pleure une femme et en cherche une autre pour effacer la première, le père espère que ses fils suivront un autre exemple que le sien etc.

Des gens simples, des vies qui se débattent dans une réalité suffocante, quelque part dans une Naples imaginaire, entre un cimetière et un belvédère où les corps se cherchent sur les banquettes arrière des voitures.

La réalité est que les deux frères sont pilleurs de tombes, le père travesti travaille la nuit sur la rocade, la Dulcinée est une torride jouisseuse et le poète porte sans cesse sur lui un revolver et une grenade…

Une pièce toute en ruptures, aux provocations dénudées, sur le fil de personnages exubérants et sans morale ni psychologie, comme une bonne bouffée d'air frais, rugueux et vaguement nauséeux, qui fait du bien.

Il fallait cette frénésie de mots et de saine violence pour évoquer cette mort, cette belle pulsation de vie.

Sans doute sont-ils tous fous, ou monstrueux, dans leurs désirs, dans leurs actes, dans leurs combats pour vivre, mais la mise en scène de Sébastien Bonnabel et l'interprétation de tous les comédiens les rendent d'autant plus humains, fragiles, hurlant d'un mal-être tonique et sans issue.

 

Bruno Fougniès

 

 

Autour de ma pierre il ne fera pas nuit

Auteur Fabrice Melquiot
Mise en scène Sébastien Bonnabel
Musique Florian Schwamborn
Scénographie Victor Melchy

Avec
Éric Chantelauze, Florent Chesne, Eleanor Han, Marie Hennerez, Philippe De Monts, Kevin Rouxel, Barbara Le Toux