Dépêchez-vous si vous voulez assister à une expérience exceptionnelle. Vous qui aimez le théâtre, vous qui vous demandez comment font les acteurs, vous avez jusqu'à mardi pour partager deux heures avec les élèves de quatrième année de l'École du Théâtre d'Art de Moscou. Les héritiers de Stanislavski sont là, vous y serez bien accueillis et vous ne le regretterez pas.

Une vingtaine d'élèves de cette école fondée en 1943 vous présentent un florilège de l'art de jouer que leur ont apporté quatre années de travail. Mais il ne s'agit pas d'exercices, c'est tout un spectacle qui se dévoile dans un crescendo éblouissant et drôle à pleurer.

Deux disciplines brillent dans cet enseignement : l'imaginaire et le corps, les corps, les imaginaires. C'est un bondissement incessant de l'un à l'autre. Pensez comment jouer un avion. Plus difficile : La vie des crapauds. Encore plus difficile : Le plat de nouilles au beurre… et effectivement se met à vivre là, sur le plateau, presque sans artifice, un plat de nouilles au beurre à se tordre de rire.

Et ce ne sont que des apéritifs, impossible d'énumérer la suite de ces scènes qui sont les fruits de longues années de travail sur le corps, sur l'observation, principes de l'enseignement de Stanislavski que les élèves pratiquent presque exclusivement la première année. Passé ces premières démonstrations, on entre progressivement dans le théâtre avec des extraits de Gorki, d'Ostrovski et de Gogol.

Mais rien d'académique, au contraire, cela frise l'irrespect pour ces grands auteurs du théâtre russe. Une prise à bras-le-corps des scènes et des personnages dans une vision totalement actuelle, une jeunesse totalement déchaînée et une maîtrise du jeu qui frôle à chaque instant la virtuosité.

Et cela se termine dans un grand éclat de rire, un joyeux vent de fraîcheur qui donnent envie de voir nos classiques traités avec autant de fougue, d'appétit et d'insolence seuls capables de leur redonner vie.

Cela fait seize ans que cette école illustre n'était pas venue sur Paris. C'est une chance qu'on ne peut pas rater.

Allez-y sans crainte, tout est traduit ou sur-titré, et l'essentiel se moque de la langue, il est visuel.

Bruno Fougniès

 

Atelier Ouvert – École du Théâtre d’Art de Moscou

Extraits de MP3 Ravel (Professeur A. Sigalova), Un emploi lucratif d'Alexandre Ostrovski (Professeur I. Botcharnikovs), Malva de Maxime Gorki (Travail d'élèves), Le révizor de Nicola Gogol (Professeur V. Ryjakov)

Par l'École du Théâtre d'Art de Moscou : Président Anatoli Smeliansky, Recteur et Professeur 4ème année Igor Zolotovitsky, Professeur 4ème année Sergueï Zemtsov, Professeur de danse Alla Sigalova

Avec :
Les élèves de 4ème année de l'École du Théâtre d'art de Moscou