APPELS EN ABSENCE
Le Lucernaire
53, rue Notre-Dame-des-Champs,
75006 Paris
01 42 22 66 87
Jusqu’au 9 mai.
Du mardi au samedi à 19h.
Dimanche à 15h.
Rencontre avec l'équipe artistique le 10 avril à l'issue de la représentation.
Décidément la création contemporaine se porte bien.
Celle dont je vais parler nous vient d’Amérique, écrite en 2007 par Sarah Ruhl et mise en scène par Emily Wilson.
Et c’est un pur plaisir que cette pièce fascinante, surprenante, singulière et fantasque pour ne pas dire fantastique qui nous parle de nous, de notre époque avec cet objet omniprésent dans nos vies qu’est devenu le téléphone portable. Un sujet terre à terre pourrait-on penser mais qui bascule dans l’étrange et l’onirique grâce à une écriture mordante, suggestive, ironique, frôlant parfois l’absurde et une mise en scène en parfaite adéquation, inventive, aussi intelligente que déjantée, pleine de trouvailles et toute en fluidité.
Tout est extrêmement travaillé dans le même esprit, de la scénographie aux costumes.
Pas de décor figé, seuls quelques tabourets sagement alignés à côté de caisses d’où sortiront quelques accessoires indispensables et deux paravents, sorte de colonnes mobiles sur lesquels seront parfois projetées des images.
Tous ces objets serviront astucieusement de transitions entre les scènes, les comédiens les mettant eux-mêmes en place dans un mouvement quasi chorégraphique en même temps que très naturel.
Les tenues très colorées aux détails soignés marquent efficacement les personnages dans une exubérante simplicité.
Nous voyageons ainsi dans le temps et l’espace avec une légèreté étonnante tout en nous parlant pourtant de deuil et de solitude.
À ce jeu, les comédiens sont épatants, dans une vérité brute qui ramène à l’enfance, quand on se raconte avec un grand sérieux les histoires les plus folles. Avec particulièrement une Nathalie Baunaure étonnante, présente dans chaque scène comme un fil conducteur, sorte de bonne fée mythomane qui permet à chacun de se révéler, et qui nous fait passer en un instant par toute une gamme d’émotions pour finalement nous délivrer un message universel et intemporel : seul l’amour peut donner un sens à la vie.
Nicole Bourbon
Appels en absence
De : Sarah Ruhl
Mise en scène : Emily Wilson
Traduction : Isabelle Famchon
Avec : Nathalie Baunaure, Fiamma Bennett, Yves Buchin, Dorli Lamar, Audrey Lamarque (en alternance avec Bernadette Appert), Marc Marchand
Vidéo Albert Coma
Lumière : Nicolas Simonin
Musique : Françoise Rivalland
Costumes : Xènia Gasull
Mis en ligne le 1er avril 2015