APOCALYPSE BÉBÉ

Théâtre Paris-Villette,
211 av. Jean Jaurès
75019 Paris.
01 40 03 72 23

Jusqu’au 28 mars 2019,
mardi, mercredi, jeudi à 20h, vendredi à 19h, samedi à 20h, dimanche à 15h30.

 

Apocalypse bébé loupePhoto Lou Hérion

Visiblement, Virginie Despentes aime les histoires : après "Les chiennes savantes" ou "Baise-moi", brulôts destroy, elle s'aventure, avec la verve qu'on lui connaît, dans une histoire à rebondissements, un peu trash, un peu gore. La violence et le sexe y règnent mais, mélo oblige, on ne fait l'impasse ni sur la pauvre fille abandonnée, ni sur le père égoïste, ni sur... le complot qui clôt cette histoire.

Précisons : une jeune fille, Valentine,  a disparu. Bien qu'elle mène une existence assez libre, sa "belle-mère" et son père écrivain la mettent sous surveillance mais voilà qu'elle y échappe (dans la métro) et s'évanouit dans la nature. La jeune détective, Lucie Toledo, se met en chasse. Inexpérimentée, elle s'adjoint les services d'une "chasseuse de primes", comme dans les westerns, surnommée "La Hyène". Une pro, elle. Une femme sans morale ni pitié. Une "tueuse". Elle rencontreront la belle-mère et la père de Valentine, voire ses copains. Leur voyage (un voyage quasi-iniatique) les ménera jusqu'en Espagne, à Barcelone, très exactement, lieu de tous les excès et de tous les abandons. Elles retrouveront Valentine, mais... non, nous ne dévoilerons pas tous les rouages et surtout pas la fin de cette histoire.

Selma Alaoui, l'adaptatrice et metteuse en scène, a "flashé" sur cette histoire. Elle la défend, la fait sienne. Elle y injecte l'ironie nécessaire mis aussi des moments de cruauté ou de grâce. Le seul hic, c'est que la prose de Virginie Despentes ne se laisse pas si facilement apprivoiser : réduite à une suite se scènes, plus ou moins fortes, le style Despentes disparaît. Ne reste plus que des dialogues qui, s'ils font quelquefois mouche, nous laisse d'autres fois sur notre faim.

Heureusement, il y a la mise en scène : ça bouge, ça secoue. Selma Alaoui ne craint pas l'outrance, la caricature : ses effets visuels (lumières et projections) sont bien venus. Pour ce spectacle, créé en Belgique il y a deux ans, elle peut compter sur ses comédiens et ses comédiennes : Éline Schumacher est une Valentine brute de décoffrage, qui s'offre de beaux moments de délire. Dans la personnage de "la Hyène" (une figure emblématique de Virginie Despentes, puisqu'elle revient dans d'autres oeuvres) Ingrid Heiderscheidt est magistrale. La longueur de la pièce n'est pas un problème, au contraire : comme dans toute bonne série, on est content de retrouver les personnages à différents moments, de voir leur évolution, de vérifier des hypothèses, tout en se laissant prendre (malgré tout) par cette histoire pour le moins rocambolesque.

Ca y est, c'est dit : Despentes/Ponson du Terrail, même combat !

Comme chez toute spectatrice et tout spectateur  il y a un enfant qui sommeille, le succès de la pièce devrait être assuré.

Gérard Noël

 

Apocalypse bébé

De Virginie Despentes. Adaptation et mis en scène : Selma Alaoui (assistée de Amel Benaïssa et Jeanne Dailler)

Avec : Maude Fillon, Nathalie Mellinger, Achille Ridolfi, Eline Schumacher, Aymeric Trionfo, Ingrid Heiderscheidt

Scénographie et costumes : Marie Szersnovicz
Création lumières : Simon Siegmann
Création sonore : Guillaume Istace, David Defour
Dramaturgie et vidéo : Bruno Tracq
Direction technique : Rémy Brans
Conseil vidéo : Arié Van Egmond
Conseil artistique : Emilie Marquet, Coline Struyf

 

Mis en ligne le 14 mars 2019