ANTIGONE 82

Théâtre de l’Épée de Bois
Cartoucherie de Vincennes
Route du Champs de Manœuvre
75012 Paris
01 48 08 39 74

Jusqu’au 3 février 2019,
du jeudi au samedi 20h30 et dimanche 16h

 

Antigone 82 loupe 

L'histoire de Sorj Chalandon, dans un roman qui a fait du bruit est fascinante : en 1974, un jeune metteur en scène grec, Samuel Akounis (échappé à la dictature des colonels) se met en tête de monter Antigone (la version d' Anouilh) au Liban, en 1982. À Beyrouth. Il se promet de distribuer les rôles à des acteurs venant de chaque camp (palestiniens sunnites, chrétiens, chiites, druzes) . Dans ce pays en guerre et cette poudrière qu'est Beyrouth, l'entreprise semble iréalisable. C'est un challenge impossible.

Raison de plus pour le faire : or Samuel tombe gravement malade et confie le projet à son ami Georges. Voici donc celui-ci bravant les contrôles, zigzagant entre les postes de contrôle avec des laisser-passer divers. Ses acteurs réunis dans un cinéma désaffecté, les difficultés n'en sont pas pour autant aplanies : entre susceptibilités nationales ou religieuses, rien que la première rencontre est épique. Et puis, il y a les alertes, les difficultés à se retrouver ...

Georges peut, en l'occurrence compter sur son ami-chauffeur, homme aguerri qui le tire de plus d'un mauvais pas.  Il y a aussi la pression légitime qu'exerce la femme de Georges qui s'inquiète, l'attendant à Paris, avec leur fille.  Georges, de retour à Paris, y laissera sa tranquillité, ses certitudes... et sa raison.

On voit la difficulté d'adapter ce roman, mais Arlette Namiand s'en tire honorablement.
Par contre la mise en scène pêche souvent par manque de rythme, et de rigueur.

Quelques vidéos, doublonnent avec ce qui se passe sur scène. .

Un bon point, en revanche, pour les musiques jouées brillament par Hassan Abd Alrahman, également comédien.

Les autres comédiens à commencer par Pierre Déverine (dans le double rôle de Samuel et de Charbel) sont excellents. Pierre Gaffieri (Georges) a le rôle-clé : tout tourne autour de lui et sa présence/absence est des plus convaincante. On retiendra également les prestations de Nathan Gabily (Joseph Boutros) et de Lou Wenzel, dans le rôle (fort) d'Imane. Le rôle de Marwan colle à la peau de Hammou Graïa : il y est étonnant.

Le titre original du roman de Chalandon (Le 4ème mur) fait référence au théâtre : « Le 4 ème mur, entend-on, c'est celui qui protège les vivants. »

Il y a d'autres phrases chocs, comme « Les larmes, il faut en garder pour la vie. » ou bien, par Georges, quand il tire sur Boutros : « J'ai tué un asssassin ! »

Au final, le spectacle est sauvé par certaines scènes fortes, vu la tension qu'elles génèrent et, bien sûr, par l'intérêt du roman dont elle est tirée.

Gérard Noël

 

Antigone 82

d'après Sorj Chalandon ("Le 4ème mur", prix Goncourt des lycéens 2013)
Adaptation : Arlette Namiand
Mise en scène : Jean-Paul Wenzel

Avec : Hassan Abd Alrahman, Fadila Belbeka, Pauline belle, Pierre Déverines, Nathan Gabily, Pierre Giafferi, Hammou Graïa, Jérémy Oury, Lou Wenzel

Scénographie : Jean-Paul Wenzel
Création costumes : Cissou Winling
Création lumières : Juliette Romens
Création son : Philippe Tivillier
Création vidéo : Jérémy Oury
Régie lumières : Juliette Romens et Marie-Sol Kim

 

Mis en ligne le 14 janvier 2019