ANCIEN MALADE DES HÔPITAUX DE PARIS

Théâtre de l’Atelier
1 place Charles Dullin 
75018 Paris
01 46 06 49 24

Jusqu’au 20 mars 2016
Du mardi au samedi à 21h00
Dimanche 15h00

 

Ancien malade des hôpitaux de Paris loupe

Photo Emmanuel Noblet

Vu par Bruno Fougniès

 

Olivier Saladin est un comédien dont le visage est bien connu non seulement pour ses nombreuses apparitions au cinéma mais surtout pour sa participation passée aux Deschiens, qui ont eu leur rubrique sur canal plus. Ses camarades ? François Morel et Yolande Moreau entre autres.

Mais sur la scène de l’Atelier, il est seul pour incarner tous les personnages de cette pièce.

Le décor à la fois sobre et spécifique nous situe dans cette sorte de no-man’s land que sont les urgences d’un hôpital : une série de chaises sur le côté pour salle d’attente, des portes blanches percées de vitres teintées qui ressemblent à des accès aux salles de soins, et un bureau d’accueil qui se transforme vite en brancard à roulette. D’ailleurs l’ensemble de ce décor va rapidement se transformer.

Cela commence comme une narration, un souvenir impromptu, le souvenir d’une certaine nuit que le personnage incarné par Olivier Saladin va nous évoquer. Au lieu de nous la raconter, il va nous la faire revivre, cette nuit exceptionnelle.

C’est arrivé aux urgences d’un hôpital parisien, trente ans plus tôt. Un malade exceptionnel va convoquer à son chevet tous les grands pontes spécialistes présents dans l’établissement. Le spectacle nous entraîne alors dans une épopée au travers des couloirs, des blocs et des symptômes plus étranges les uns que les autres. Une galerie de portraits ciselés, acides, drolatiques de ces êtres qui vivent, mangent et rêvent médecine. De la plus humble infirmière au plus ambitieux des grands professeurs et des as du scalpel, tous sont évoqués avec morgue dans la sarabande affolée de cette nuit particulièrement panique.

Le texte de Daniel Pennac est une sorte de farce. Une nouvelle construite classiquement avec une chute qui éclaire tout ce qui a été dit de façon stupéfiante, et qui force l’esprit à effectuer une sorte de salto arrière et revoir toute l’histoire sous ce nouveau jour.

Écrit comme un flot de paroles qui passe de la narration au dialogue entre plusieurs personnages, ce texte demande une souplesse et une dextérité à la fois mentale et physique. À ce jeu, Olivier Saladin montre tout le métier, le talent, la longue habitude d’incarner des personnages hauts en couleur telle qu’il l’a pratiquée avec Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff. Une intonation, un geste, une posture physique lui suffisent pour passer d’un personnage à un autre comme un diable.

Tous ces jeux de transformation sont soutenus et mis en valeur par des effets de lumières élaborés et quelques effets sonores très drôles et efficaces.

Partis d’un point de départ scrupuleusement réaliste, documenté, précis sur le monde médical et ses maladies, on finit par se retrouver dans l’imaginaire, le burlesque et l’exagération romanesque la plus fulgurante.

Bruno Fougniès

 

Vu par Nicole Bourbon

 

Que rajouter à l’excellent article très complet de Bruno, si ce n’est l’immense plaisir que j’ai pris – Et apparemment toute la salle avec moi – à assister à ce spectacle, assurément l’un des – pour ne pas dire le – plus brillant de ce qui se joue en ce moment à Paris.

Difficile d’en être autrement avec un texte signé Daniel Pennac où il donne libre cours à une imagination débridée mâtinée d’un humour joyeux comme le titre ne le laisse pas supposer, une interprétation pointue d’Olivier Saladin et une mise en scène très vivante de Benjamin Guillard, qui depuis 2007 est souvent complice de ce comédien et de François Morel.

Daniel Pennac – auteur entre autres de “La saga Malaussène” et de “Chagrin d’école” qui lui valut en 2007 le prix Renaudot – était dans la salle hier, et c’était très émouvant au moment des saluts de retrouver sur scène côte à côte celui qui par la magie de mots soigneusement et intelligemment choisis – je défie quiconque de décrire avec autant de finesse et sans vulgarité aucune les misères du corps humain – avait inventé une histoire aussi folle et celui qui par son jeu d’une variété incroyable doublé d’une véritable performance physique avait réussi à rendre un long monologue follement vivant, suscitant chez nous spectateurs comblés, rires, fascination et surprise dans un vrai beau et grand moment de théâtre.

 

Ancien malade des hôpitaux de Paris loupe

Photo Emmanuel Noblet

Ancien malade des hôpitaux de Paris

De Daniel Pennac
Mise en scène Benjamin Guillard

Avec Olivier Saladin

Création lumières : Sylvain Chevallot
Régie générale : Emmanuelle Phelippeau-Viallard
Régisseurs son : Loïc Perrot et Camille Urvoy

 

Mis en ligne le 26 mars 2015
Actualisé le 27 février 2016

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