AMPHITRYON
Théâtre Gérard-Philipe
59 Boulevard Jules Guesde
93200 Saint-Denis
01 48 13 70 00
Jusqu’au 24 mai 2017
Lundi, mardi, mercredi et samedi à 20h – dimanche à 15h30
Ah, Amphitryon, ses improbables subterfuges, ses dieux trompeurs, ses vers moliéresques ! Cette pièce baroque, à la fois drôle et pathétique, occupe une place à part dans le répertoire et n’est pas souvent jouée ; il n’en est que plus surprenant de la voir interprétée ici en russe par les comédiens de la troupe de l'Atelier-Théâtre Piotr Fomenko, dirigée pour l’occasion par Christophe Rauck.
Un tel partenariat pourrait sembler périlleux, mais ici l’ambition paie. Entre solennité et légèreté, la mise en scène est fort élégante, innovante, et insuffle un vent nouveau sur la belle scène du TGP après avoir rencontré le succès à Lille. Elle déploie le motif du dédoublement car ce ne sont pas seulement Amphitryon (Andrei Kazakov, autoritaire) et Sosie (Karen Badalov, excellent dans le registre comique) qui se dédoublent, mais tous les personnages, grâce à un immense miroir incliné au-dessus de la scène. Les dieux descendent des cieux, se mêlent aux mortels comme les comédiens aux spectateurs, chacun s’interroge sur son identité et il y a tout un jeu sur cet éloignement des uns et des autres, sur cette distance abolie puis rappelée, comme avec les micros qui tantôt servent à donner des coups, tantôt sont déposés comme des artifices inutiles. Mais ce n’est pas le moindre des plaisirs de cette proposition que celui qui permet à la langue russe de faire rouler les alexandrins français : deux cultures se rencontrent, se complètent et se répondent.
Le mélange est réussi, et l’on en redemande.
Frédéric Manzini
Amphitryon
De Molière
En russe surtitré en français
Mise en scène : Christophe Rauck
Dramaturgie et assistanat à la mise en scène : Leslie Six
Scénographie : Aurélie Thomas
Lumière : Olivier Oudiou
Son : Xavier Jacquot
Costumes : Coralie Sanvoisin
Avec : Ivan Verkhovykh, Ksenia Koutepova, Vladimir Toptsov, Andrei Kazakov, Polina Koutepova, Karen Badalov, Roustem Youskaïev, Oleg Lioubimov
Mis en ligne le 23 mai 2017