Outre ses activités régulières (montage de spectacles)… la Compagnie du Désastre dispense également des cours. Et c'est le résultat d'un travail de six mois environ qui est présenté ces jours-ci au Théâtre du Temps. Comme moi, j'en suis sûr, vous craignez le pire : bafouillages, hésitations, fausses sorties, entrées ratées, amateurisme… et j'en passe. Eh bien, vous auriez tort. Ce spectacle, car c'en est un et un vrai, est tout à fait convaincant. Pour donner une unité à cette soirée, il fallait un thème et, sans barguigner, il est donné dans le titre. Un homme, une femme… sujet éternel et qui a fait noircir du papier à nombre de dramaturges d'ici et d'ailleurs, ceci depuis la nuit des temps. À côté d'illustres anonymes, on trouvera Xavier Durringer mais aussi Jean-Michel Ribes et sa joyeuse bande de « Merci, Bernard ! ».

Le décor est sobre et modulable à la fois : tables, chaises, divans improvisés. Quant à la mise en scène, elle est efficace : mettant en valeur ce qu'il faut, souple et sans effet inutile. L'essentiel réside, bien sûr, dans ce que nous voyons : une série de scènes, certaines plus faibles (les haricots, la recette du gâteau d'amour) d'autres brillantes (la tomate accidentée, la femme qui drague). Pour l'essentiel, ils assurent : je parle des auteurs… et bien sûr (laissons tomber le mot « apprenti ») des comédiens et comédiennes. Bon rythme, surprises à gogo, chutes inspirées, on en redemande. D'autant que, en guise d'intermèdes, nous avons droit à un personnage seul, qui, en quelques lignes, assorties ou non d'une citation, nous met en appétit pour ce qui va suivre. Un mot d'auteur en passant, celui d'Orson Welles : « Il y a trois choses que je ne supporte pas, du Champagne tiède, du café bouillant et une femme froide. » Mais on pourrait citer aussi ce proverbe irlandais : « Mieux vaut une bonne querelle que la solitude.»

Bref, qu'il s'agisse d'un couple mal assorti où la femme voudrait à tout prix que son mari s'occupe d'elle, d'une leçon de drague ou des deux copines épiloguant sur le boulot, le couple… et le suicide, il y en a pour tous les goûts. Le sketch final, avec sa méthode UKUP, pour maigrir, est jubilatoire.

L'occasion n'est pas si fréquente de découvrir de jeunes talents. Nous ne saurions trop vous recommander d'aller y faire un tour.

Gérard Noël

 

Aaah… le couple !

Auteurs divers
Mise en scène : Sylvain Prada.

Avec : Gilles Berkovitch, Lucile Billand, Yann Le Pelvé, Constance Mercier, Caroline Sebaoun, Anne Yvon, Sébastien Zabbah.