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À TORT ET A RAISON |
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Théâtre rive gauche Berlin, Février 1946, le commandant américain Steve Arnold, assisté de David, jeune soldat juif, dont les parents sont morts en déportation,et de sa greffière Emmi Staub, fille d'un grand résistant, va tenter de mettre en évidence la culpabilité du chef d'orchestre favori d'Hitler, Wilhelm Furtwängler. Pour comprendre si ce dernier nie son appartenance au parti nazi, pour sauver son destin, ou s'il a servi malgré lui l'idéologie, le commandant choisit d'interroger en premier le deuxième violon... Un artiste est-il coupable d'exercer son art au sein d'une dictature génocidaire ? C'est le centre de la réflexion à laquelle nous invite le grand dramaturge anglophone Ronald Harwood, auteur du scénario du film "Le pianiste", dans sa pièce "À tort et à raison", où il respecte au plus près la vérité historique. Dans ce huis-clos, les questions se succèdent, chaque réflexion en engendre une autre, la tension est d'autant plus palpable, que Emmi et David, très mélomanes, tentent de s'opposer à la détermination du commandant, pour qui la notion d'humanité prime d'autant plus qu'il conserve le souvenir indélébile de sa découverte des camps de concentration nazis. Tous les comédiens incarnent ce moment historique avec conviction, mais la palme revient aux deux principaux protagonistes, totalement habités par leur personnage : Jean-Pol Dubois est troublant, presque dérangeant, dans le rôle de Wilhelm Furtwängler, chef d'orchestre jadis adulé, en situation de déchéance, conservant pourtant ses convictions sur la suprématie de l'art. Francis Lombrail, incarne avec maestria,Steve Arnold, dont la vindicte est davantage dictée par son profond respect de la vie, que par le devoir militaire. L'excellente comédienne Odile Roire, sortie en 1981 du Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris, signe ici sa première mise en scène, qu'elle centre comme il se doit sur le jeu des acteurs. L'atmosphère est rendue par les effets de lumières, les bruitages de base aérienne et la musique de Beethoven. Les spectateurs transformés en jury, sont totalement sous l'emprise de ce spectacle qui ne peut laisser indemne, tant il est difficile de trancher, d'ailleurs le faut-il ? Chacun apportera sa réponse, selon ses engagements, ses choix et son vécu... Quoi qu'il en soit, ne vous privez pas d'aller prendre parti !
Tanya Drouginska
À tort ou à raison De Ronald Harwood.Traduction : Dominique Hallier Avec Jean-Pol Dubois. Francis Lombrail. Thomas Cousseau. Odile Roire. Jeanne Cremer. Guillaume Bienvenu Mise en scène : Odile Roire. Décors : Stéphanie Jarre
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