L’AMOUR SERA CONVULSIF OU NE SERA PAS
Théâtre de Ménilmontant
15 rue du Retrait
75020 Paris
Tél : 01 46 36 98 60
Les 6, 7, 9, 13, 25, 27 mai 2015 à 19h00
Il y a toujours quelque chose à dire sur l’amour, ce thème éternel. Ici, on nous entraîne dans un asile où les patients, trois garçons et trois filles sont soignés. Une voix off, un rien pompeuse, façon « Incorruptibles », nous expose le motif de l’internement : excès amoureux en tout genre. S’ensuit une danse effrénée, puis, assis face spectateurs, les personnages commencent. C’est pour énoncer des phrases plus ou moins connues, plus ou moins brillantes sur l’amour. Ah, l’amour ! L’amûûûûr ! Qu’il soit physique (et donc sans issue, d’après Gainsbourg) ou pas, il a fait écrire. Citons, en vrac : « C’est… des grands mots avant, des petits mots pendant et des gros mots après ». Ou encore : « L’amour, c’est comme un élastique tendu entre deux personnes. Quand l’un part, l’autre a mal ». Sans parler de la célébrissime citation de Lacan : « L’amour, c’est donner quelque chose qu’on n’a pas, à quelqu’un qui n’en veut pas. »
On assistera ensuite à une alternance entre moments très physiques, brillamment dansés et des phases où les personnages se rasseyent et parlent. Cette alternance se maintient mais, bizarrement, elle n’est ni pesante ni démonstrative. Grâce, bien sûr, aux jeunes comédiens tous très investis. Même si certains effets (images arrêtées…) font un peu impro théâtrale, on est conquis.
On appréciera, donc, les « je me souviens » façon Pérec où chacune et chacun y va de sa confession, drôle ou émouvante, souvent surprenante. Il est tout à la fois question d’amour et de sexe… mais garçons et filles abordent sans exclusive les deux domaines. Comme il y a un crescendo, nous en arrivons à des monologues plus longs, où les personnages, que nous commençons à connaître, se mettent à nu de façon bluffante. Qu’il s’agisse d’une histoire d’amant qui a perdu une jambe ou d’une emballeuse de saucisses harcelée, c’est très fort et surtout interprété avec finesse et brio.
On aura compris que ce spectacle inspiré, spectacle qui se dévoile peu à peu… par le talent de ses comédiens, ce spectacle, donc, est hautement recommandé.
Gérard Noël
L’amour sera convulsif ou ne sera pas
Création et mise en scène : Jacky Katu.
Avec Cécilia Dassoneville, Florian Guillaume, Manuel Lambinet, Laure Millet, Mathieu Pétriat, Diane Rénier.
Et la voix off de Patrick Zocco.
Mis en ligne le 26 avril 2015