4.48 PSYCHOSE |
Théâtre le Proscenium Sarah Kane est née à Kelvedon Hatch (Essex) d'une mère enseignante et d'un père journaliste. La dramaturge anglaise fut très controversée à l'époque et sa carrière aussi courte que fulgurante, Elevée dans une tradition religieuse très stricte, elle étudie le théâtre à l'Université de Bristol, dont elle fut brillamment diplômée, puis à l'Université de Birmingham sous la direction du dramaturge anglais David Edgar. Ses pièces suscitèrent un tollé au Royal Court Theatre, et notamment la première, Blasted (Anéantis), qui fut montée au Royal Court Theatre de Londres en 1995, par James Macdonald. Un coup de tonnerre, un choc violent dans le paysage théâtral anglais. Faisant scandale tout autant que les trois autres : Phaedra's Love (L'amour de Phèdre) ,1996 Cleansed (Purifiés), et Crave (Manque) 1998 4.48 Psychose (4.48 Psychosis) est une œuvre à part. Il faut savoir, afin de mieux ressentir encore le texte, que c'est le dernier écrit de l'auteur, terminé quelques jours avant sa disparition. Elle a été montée pour la première fois à Londres le 23 Juin 2000, un an et demi après son suicide. Elle venait d'avoir 28 ans. Dans cette pièce, on y parle d'une femme que son amour rend psychotique, à en perdre la raison. Psychose 4.48 est un texte envoûtant, profond. Bien que parlant d'une chose grave qui est le suicide, 4.48 nous parle aussi d'une irrépressible besoin d'aimer et si la gravité apparaît, à juste titre, l'humour dans une juste mesure, n'en est pas absent. La comédienne fascine par son jeu implacable. Elle se donne à fond. L'intervention d'un personnage s'exprimant à travers une danse : Le buto (danse du corps obscur) imprégné de bouddhisme et de croyance shintô. est une belle idée et vient apporter un souffle de mysticisme. La mise en scène est lumineuse et astucieuse. On comprend que chaque chose, chaque élément est intentionnel et met en exergue les intentions des comédiens tous excellents au demeurant. L'ensemble est intense et d'un bel esthétisme. On se laisse facilement emporter par cette dépression « psychotique », par cette folie distillée, par cette profondeur de l'âme. On ne peut rester de marbre tant on est conquis par le talent de la dramaturge comme par celui des comédiens qui ont su si bien la comprendre en lui donnant « vie » Déstabilisant, troublant, par son propos, par les interrogations qu'il suscite, par les questionnements qu'il provoque, le texte subjugue complètement et l'interprétation ne peut laisser indifférent tant elle est de qualité. « Si le théâtre peut changer la vie de quelqu'un, par voie de conséquence, il peut certainement changer la société, puisque nous en faisons partie.» (Sarah Kane) Une pièce à ne pas rater. Pour public averti.
Katia Verba
4.48 Psychose De Sarah Kane Par La Compagnie des Gueules béantes
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