18763 MOTS EN ARIAL 11
Théâtre De Belleville
94 Rue du Faubourg du Temple
75011 Paris
Tél 01 48 06 72 34
Jusqu'au 27 novembre 2014, du lundi au samedi 21h15. Dimanche à 20h.
En règle générale, on ne peut que se réjouir de découvrir une nouvelle auteure et Anaïs de Courson est de celles-là. Elle a écrit une pièce, a décidé de la mettre en scène en s’adjoignant la participation de douze (oui douze) comédiens et comédiennes. La trame est simple : un jeune homme se sépare de sa compagne, Nathalie. En fait, c’est elle qui part, sans lui laisser la moindre explication. Par contre, elle a pris des notes pour un roman qu’elle avait l’intention d’écrire et notre homme se dit que s’il arrive à écrire le roman à sa place, cela devrait l’aider. À la connaître mieux, déjà. Le spectacle oscille donc entre des scènes nous montrant Louis (car c’est son prénom) buvant force bières avec ses copains en discourant sur l’amour et ses aléas… et son travail sur le roman : il est question d’une certaine Magdalenary, double possible de Nathalie, la compagne enfuie de Louis. Thème prometteur.
Pourtant, on se perd un peu dans ces récits superposés. Ces monologues bien écrits pour certains, qui peinent à s’insérer dans l’ensemble du spectacle. Les filles marchent, bougent, dansent, mais leur présence, en si grand nombre, était-elle vraiment nécessaire ? Louis, sa mère, son ami dépressif et son autre ami (joué curieusement par une comédienne) suffisaient. Peut-être aurait-il fallu resserrer ? Faire plus confiance au texte en le peaufinant davantage : « — Nathalie est partie. — Merde ! — Ouais ! » On entend également : « Je t’aime comme un processus. On va faire des choses qui ne nous appartiennent pas ! »
Également metteuse en scène, Anaïs de Courson aurait-elle eu trop d’ambition, à vouloir ainsi être responsable de tout ?
Toutefois, de ce travail en patchwork incluant musique, chansons, danse et texte… surnagent quelques scènes fortes et belles : celle où le héros va se confier à sa mère, murée, elle, dans une sorte de fatalisme. Celle également où le héros, très simplement, raconte une histoire, qui est arrivée (ou aurait pu arriver) et dont on croit comprendre qu’elle est un extrait du livre qu’il a fini par écrire. Il y a des images qui marquent et dont on aurait souhaité qu’elles soient plus nombreuses : Nathalie, assise, tandis que défile derrière elle un paysage. Ou bien les personnages à l’écoute chacun (et chacune) de leur portable ou Iphone et les lumières s’éteignant, les laissant chacun éclairé par un écran bleuté. Quel symbole !
Pour ces raisons-là et pour d’autres, force et conviction des interprètes principaux, notamment Louis Sébastien, « 18763 mots en arial 11 », dont le titre, déjà, est une trouvaille, est une œuvre à découvrir.
Gérard Noël
18763 mots en arial 11
Texte et mise en scène : Anaïs de Courson.
Avec : Soleïma Arabi, Benjamin Bur, Anaïs Chartreau, Floriane Commeleran, Olivia Csiky Trnka, Marion Jeanson, Catherine Lenorcy, Audrey Liebot, Patricia Morejon, Maya Peillon, Carine Piazzi et Louis Sébastien
Scénographie et costumes : Anaïs de Courson et Marie Vandeville.
Lumière : Bastien Courthieu.
Vidéo : Louis Sébastien.
Son : Jean-Damien Ratel
Mis en ligne le 23 novembre 2014