SHREK LE MUSICAL |
Casino de Paris
Shrek est un grand succès du cinéma d’animation puis de comédies musicales à Londres et à Broadway. Nous le retrouvons à Paris dans une adaptation française de Stéphane Laporte mis en scène par Ned Grujic, (Frankeinstein Junior, Hairspray…) L’équipe produite par LV Show relève à chaque fois le challenge de monter en France les succès anglo-saxons avec beaucoup moins de moyens ce qui oblige à faire œuvre de création et non de copier à la lettre l’original. La version française se présente comme un livre d’images, sorte d’album à dépliant, avec comme décor des toiles peintes dans la grande tradition française de l’opérette. C’est très bien réalisé et on en feuillette les pages avec plaisir. Le parti pris de jouer la parodie à fond en exagérant à l’extrême le jeu des interprètes nous rapproche plus du cartoon que du film d’animation et peut désarçonner, mais l’ensemble fonctionne et le public rit beaucoup. Il n’y avait qu’à voir la mine réjouie et émerveillée des enfants qui m’entouraient. C’est ainsi que Nathalie Lhermitte compose une princesse Fiona caricature des princesses de dessins animés, mimiques et gestes démultipliés, Michel Lerousseau, un Shrek on ne peut plus pataud, naïf et attendrissant, Guillaume Beaujolais un Lord Farquaad désopilant et Julien Plantier un âne traînant la patte. Les seconds rôles sont travaillés dans la même optique avec par exemple un Julien Salvia, qui accentue le côté pantin insupportable d’un Pinocchio à la voix criarde. Maquillages et costumes eux sont de parfaites répliques de ceux du film si ce n’est, toujours dans le même souci d’exagération, que Shrek est en plus affublé d’énormes sourcils et l’âne de béquilles. L’adaptation nous offre des répliques du tac au tac avec nombre de références et clins d’œil, et a conservé l’inévitable côté pipi-caca avec un concours de pets et rots entre la princesse et Shrek qui a déclenché évidemment l’hilarité des enfants. Mon seul regret est qu’on ne voit pas les musiciens qui jouent en coulisses, c’est dommage et les oreilles non averties pourraient croire à l’utilisation d’une bande son. Mais l’ensemble est cohérent et se laisse voir avec plaisir à condition de ne pas vouloir absolument le comparer à l’original. Saluons plutôt le travail accompli par une équipe enthousiaste qui nous a de surcroit offert avec fougue lors des rappels une version tout à fait réjouissante du célèbre « I ‘m A Believer ».
Nicole Bourbon
Shrek le musical de David Lindsay-Abaire et Jeanine Tesori
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