LE PRINCE ET LE PAUVRE

 

Si un roi n'est rien sans couronne, un homme n'est rien sans cœur…

En 1882, Mark Twain écrit « Le Prince et Le Pauvre ». Ludovic-Alexandre Vidal, auteur du livret et Julien Salvia, compositeur, en font une adaptation pour la scène très réussie. Tout en respectant l'œuvre originale, ils ont su imprimer leur marque. Bien que très jeunes tous deux (mais on le sait, la valeur n'attend pas le nombre des années), ils présentent là leur troisième opus, après Révolution en 2004 et L'Homme qui rit en 2005.

La langue est belle et la musique, très travaillée, (les chœurs notamment sont magnifiques), réjouit l'oreille. On ne s'ennuie pas une minute, d'ailleurs les enfants présents, captivés, n'ont pas bougé alors que le spectacle dure plus d'une heure.

L'histoire nous emmène à Londres, en 1546. Un enfant pauvre, Tom Canty et le jeune prince Edouard Tudor, qui se ressemblent énormément, vont échanger leurs identités afin de vivre chacun leurs rêves. Cela entraînera bien des mésaventures.

La distribution est parfaite. Ils sont huit sur scène à interpréter plusieurs rôles avec une sincérité et une passion communicatives : les émotions « passent la rampe » selon l'expression consacrée. Les scènes comiques et celles plus dramatiques s'enchaînent parfaitement et dans la salle, les sentiments sont bien là et on les éprouve qu'on soit enfant ou adulte.

Quelques interprètes se détachent du lot. Rachel Pignot apporte toute sa tendresse au rôle de la mère dans des séquences particulièrement émouvantes. Robert Aburbe est quant à lui un véritable phénomène. Qu'il interprète le terrifiant père de Tom, l'humble cabaretier, un garde ou encore le digne archevêque de Canterbury, il joue de son imposante stature avec maestria, donnant vie et épaisseur à tousses personnages. Un petit bémol : Anthony Fabien est plus chanteur que comédien. (Les petites filles dans la salle l'ont apparemment reconnu à son entrée en scène). Son jeu demande à s'affiner, il paraît un peu en deçà des autres lorsqu'il joue mais c'est vrai qu'on oublie vite ce léger défaut dès qu'il chante, la voix est réellement magnifique. Une autre m'a particulièrement emballée, celle de Maxime Cohen, superbe voix de basse qui donne toute sa prestance à Lord Hertford.

Julien Salva assure une mise en scène rythmée et colorée. Voilà du vrai spectacle vivant, rien n'est factice, les interprètes chantent en direct, accompagnés d'un simple piano (bravo à Caroline, la pianiste, une vraie virtuose), pas d'esbroufe inutile, et ça fonctionne. On sent le plaisir réel qu'ils éprouvent tous à interpréter cette œuvre, spectacle qui vaut largement les grosses productions hyper médiatisées.

 

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www.leprinceetlepauvre.com