MISS NINA SIMONE 

Théâtre de l’Œuvre
55 rue de Clichy
3 cité Monthiers
75009 Paris
0144538888

Jusqu’au 6 janvier 2019
Du mercredi au samedi à 20h et le dimanche à 17h, ainsi que le 31 décembre

 

Miss Nina Simone loupe Photo @ Samy La Famille 

 

 

 

On ne connaît souvent d’elle que le personnage public, à savoir la diva, la chanteuse à la voix rauque et pourtant suave, envoûtante. Mais ici Nina Simone se raconte. La metteuse en scène Anne Bouvier s’appuie sur la biographie de Gilles Leroy pour nous présenter la face cachée – donc sombre – de l’artiste, ou plutôt d’une femme vulnérable, de son vrai nom Eunyce Kathleen Waimon. On la découvre chez elle, accro tant à ses chaussures qu’à la boisson et on assiste à l’attendrissante intimité de celle qui se présentait elle-même comme « un être à éclipse ».

Sur scène ils sont trois : la comédienne Gina Djemba dialogue avec Ricardo, compagnon et confident des dernières heures, et un musicien, scandant certaines scènes avec des instruments de musique, sans parvenir à donner plus de rythme et de vitalité à la pièce, qui malheureusement en manque. Certes le spectacle est agréable, et il est réjouissant d’écouter quelques airs de Nina Simone dans cette pièce aux décors sobrement réussis, qui s’accorde bien à l’élégante intimité du théâtre de l’Œuvre. Quelques belles scènes ressortent, notamment celle, amusante, où elle s’entretient avec un journaliste pour s’attaquer au jazz (cette étiquette de blanc pour classer sa musique comme une musique noire) ou encore celle où, devenue vieillissante et malade, elle évoque sa solitude, sa mauvaise entente avec sa fille et ses regrets de l’avoir abandonnée au profit de sa carrière. Mais là encore, manque ce qui faisait la puissance et les conflits intérieurs de la musicienne. Décidément, cette Nina Simone est trop adoucie, trop édulcorée pour donner à entendre le génie de celle qui se comparait à la Callas.

Florianne Gani

 

Miss Nina Simone

D’après le roman Nina Simone de Gilles Leroy
Mise en scène : Anne Bouvier

Avec : Jina Djemba et, en alternance Valentin de Carbonnières et Paul Nguyen, Julien Vasnier

 

Mis en ligne le 14 décembre 2018