© Elsa Delula

C’est décidément un plaisir dont je ne me lasse pas d’assister à un spectacle en tous points réussi, créatif, original, intelligent, excellemment interprété et mis en scène.

La scénographie est simple et efficace : côté jardin, la scène du cabaret avec son piano, côté cour un paravent symbolisant une loge.

La vie de tous les jours avec ses petits drames, ses différends entre comédiens, la préparation avant d’entrer en scène, tout cet envers du décor que le public ne voit habituellement pas nous est révélé, mettant en lumière la différence entre le réel et le factice, l’univers quotidien et l’image de rêve.

Les quatre comédiens mènent ce va-et-vient à une allure d’enfer, enchaînant saynètes, danses et chansons sans coup férir tout en tenant d’un bout à l’autre chacun son personnage malgré la diversité imposée. Cela donne une grande fluidité à l’ensemble et évite l’effet « suite de sketches » qu’une telle construction aurait pu renvoyer.

Il faut quand même réussir à donner de la cohérence à un tel mélange audacieux de textes de Molière – version particulièrement moderne et réjouissante d’une scène des Précieuses ridicules – de Jean Tardieu et de Georges Courteline, entrecoupés de chansons légères du début du siècle dernier dont l’inépuisable « Félicie aussi » pour terminer par un Offenbach endiablé !

C’est gai, malicieux, esthétique – les trois demoiselles sont charmantes et suggestives juste ce qu’il faut, le terme bonnes femmes fatales est judicieusement choisi –, généreux, impertinent, kitsch avec élégance, fantaisiste tout autant que parfaitement maîtrisé.

Les costumes sont ravissants, extrêmement bien travaillés.

On en sort joyeux et gai comme un pinson, leur bonne humeur étant très communicative.

Rappelons que ce spectacle était à ses tout débuts en 2005 consacré aux malades des hôpitaux, nul doute qu’il devait valoir bien des remèdes !

 

Nicole Bourbon

 

 

Frous-frous cabaret de bonnes  femmes fatales

Collectif Rancho Allstars
Mise en scène : Johanna Boyé

Avec : Stéphanie Bassibey, Elodie Bernardeau-Ortega, Judith Margolin, Xavier Valoteau et Laurent Damont

Création maquillage coiffure : Annabelle Petit
Décor: Emeline Stranart assistée d'Elsa Delula
Création lumière : Mohamed Mokademini
Costumes: Claire Djemah
Conseillère chorégraphique : Aleen