Café de la Danse
5 Passage Louis-Philippe
75011 Paris
Tél. 01 47 00 57 59

Première au le 7 mars à 20h, puis le 4 avril et 23 mai 2019, et en tournée 2019-2020

 

 Photo Marylène Eytier

Pour cette première, plus de place sur les banquettes, on se serre, le public est impatient. Un jeune humoriste, plutôt gentil, passe en première partie. Mais nous attendons tous le plat de résistance. Le plateau est épuré, juste un grand piano, guitares et tambourins, et puis six cadres surdimensionnés, vides, décorés d’ampoules lumineuses, suspendus de manière aléatoire pour habiller les nombreux mètres cubes d’espace scénique du Café de la Danse. C’est visuellement intéressant.

Enfin ils débarquent, en trio mais quatre, tels les Daltons, mais en rouge et noir. Trois gars et une fille. Nous expliquent ce qu’est une « goguette » : une parodie de chanson connue qui parle de l’actualité. Ils annoncent la couleur avec des sourires faussement innocents : ils ne veulent froisser personne… Leur humour ratisse large, mais c’est pour la bonne cause. En réalité, c’est superbement ciblé, et tout le monde en prend pour son grade, pour notre plus grand bonheur. Virtuose de la gouaille, équilibriste du en même temps, ce quatuor là est carrément désopilant, décalé, déjanté, sans oublier d’être inventif, irrésistible, totalement jouissif !

« Les Goguettes », comédiens, musiciens, auteurs, interprètes, tous différents, mais tellement ensemble, qu’ils forment une belle et fine équipe soudée, vouée, sans aucun doute, au plus haut de l’affiche. Car ils ont l’œil juste, la satire efficace, la critique perspicace. Ils envoient droit dans le mille de l’actu sociopolitique, avec désinvolture, habileté et clairvoyance. Ils ont du cran, du métier, du cœur à l’ouvrage. Et ils sont bien mis en scène.

Sur des airs populaires, d’Aznavour à Johnny, d’Hervé Vilard à Chantal Goya, ils savent faire passer leurs messages croustillants, mais jamais vulgaires, au travers des textes ciselés, percutants.

Le majestueux Aurélien Merle est impeccablement jupitérien dans son interprétation olympique de « En Marche ». L’espiègle Clémence Monnier nous désarme définitivement avec sa chanson « T’as plus ton voile », puis il faut dire qu’elle est aussi excellente pianiste, ce qui ne gâche rien. Le nonchalant Stan nous achève (dans le très bon sens du terme) avec son désopilant « Darmanin ». Quant à Valentin Vander, il est si uber craquant en troubadour amoureux d’une vegan, avec son si charmant « Elle est vegan », qu’il nous donne presqu’envie de le devenir…

Sacré trio mais à quatre, en perpétuel mouvement, dont les protagonistes, complices, s’amusent à fond, et nous distraient avec délectation. Leur spectacle fait un bien fou, alors nous ne pouvons que le prescrire sans modération. Courez-y, vite !

Luana Kim

 

Les Goguettes – En trio mais à quatre

De et avec : Stan, Clémence Monnier, Aurélien Merle, Valentin Vander

Mise en scène : Yéshé Henneguelle