LES CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE

Théâtre de l'Athénée
Square de l'Opéra Louis-Jouvet
7 rue Boudreau
75009 Paris
01 53 05 19 19

Jusqu’au 7 janvier 2017
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Les Chevaliers de la Table Ronde loupe Crédit photos Lorraine Wauters

Opéra Bouffe, où on ne mange pas. Voilà le sous-titre. Et l’on est directement projeté dans l’esprit du spectacle. Jeux de mots, jeux de mains, jeux de vilains. La faute à l’inventeur de ce truculent condensé de folie frénétique sans borne et sans mesure. Son nom, Hervé, peu de gens le connaissent. Et pourtant, à l’égal d’Offenbach et certainement avant lui, il a été le créateur de l’Opérette.
L’œuvre date de 1866, représentée pour la première fois aux Bouffes Parisiens. Elle est signée pour les paroles par Henri Chivot et Alfred Duru et sa composition est due à Louis-Auguste-Florimond Ronger dit Hervé. Et l’on peut dire qu’en apparence, c’est un grand lâcher prise comme on dit maintenant.
Les chevaliers de la table ronde se sont retournés dans leur tombe. Ces vaillants héros des légendes arthuriennes ressemblent ici à des supporters de foot, et la table est une de celle qu’on trouve dans les bistrots. Lancelot, ensorcelé par Mélusine, est devenu un vrai petit lutin domestique : il coud, raccommode, mange et dort. Quant à Amadis de Gaule, (le chevalier favori de Don Quijote !) c’est un vrai pilier de bar sans panache. Mais ceci n’est qu’une petite anecdote de cette histoire aux rebondissements incessants qui mêle un duc ruiné prêt à vendre sa fille, une duchesse trompeuse, voleuse et tourmentée par un remord de circonstance, un Merlin l’enchanteur rendu à tenir un pensionnat de jeune fille et fabriquer des potions douteuses, une fille de duc d’une naïveté abyssale et d’une drôlerie titanesque, un tournoi de chevalerie aux enjeux sans queue ni tête, un vrai-faux mariage et mille autres facéties ; une déferlante ininterrompue de pastiche et d’humour libertaire, le tout porté par des chansons, un orchestre de douze musiciens et une mise en scène endiablée.
Le décor est lui-même fantasmagorique : tout en noir et blanc, costumes compris, il s’élève sur quatre niveaux de jeu que l’on découvre au fur et à mesure que l’intrigue avance.
Sur le plateau donc, jouant depuis les feux de la rampe jusqu’au lointain tout là-haut près des cintres, ils sont treize comédiens, excellents chanteurs lyriques, danseurs pour certains à bondir, s’empoigner et faire vivre ces personnages insensés mais passionnants ; dans la fosse d’orchestre, douze musiciens interprètent la partition très élaborée d’Hervé. À leur tête, leur chef, Christophe Grapperon plus déchaîné que le vif-argent, semble donner, diffuser son énergie et son rythme aussi bien aux chanteurs sur scène qu’à l’orchestre invisible.
Des chansons loufoques, parfois poignantes, aux mélodies brillantes par moment, donnent l’occasion à Chantal Santon-Jeffery et à Ingrid Perruche de donner un aperçu de la délicatesse de leurs palettes vocales. Le rôle du duc Rodomon est tenu Damien Bigourdan qui montre la qualité de son jeu et l’étendu de son talent d’acteur et de chanteur, mais surtout sa capacité de créer un personnage très important pour l’histoire. Lara Neumann dans le rôle d’Angélique, la future mariée fait preuve d’un sens comique redoutable qui séduit la salle. Mais il faudrait citer toute la troupe de cette compagnie Les Brigands pour être juste et rendre compte de ce beau travail et de cet esprit de dérision démultiplié par leur nombre qui permet au spectacle de tenir bon la rampe du comique sans tomber dans le trop facile, ni le vulgaire.
Il faut encore parler de la part capitale de Pierre-André Weitz à la mise en scène, au décor et aux costumes qui a réussi à donner à ce spectacle un esprit, une esthétique et un rythme qui font de toute l’histoire une course effrénée magnifique. Sans compter quelques trouvailles scéniques drôles à tomber qu’il faudra découvrir par vous-mêmes si vous avez la chance de pouvoir assister à l’une des douze représentations restantes.
C’est du grand foutraque, du carambolage magnifique, de l’escarmouche verbale, de la chute clownesque, du bazar de haut vol, de la comédie burlesque dévergondée et savoureuse comme une ivresse irrépressible, bref un banquet qu’il convient d’avaler d’un coup par les yeux, par les oreilles et par l’esprit.

Bruno Fougniès

 

Les Chevaliers de la Table Ronde

Transcription de la partition Thibault Perrine
Mise en scène, costumes et scénographie Pierre-André Weitz
Assisté de Victoria Duhamel pour la mise en scène, et Mathieu Crescence & Pierre Lebon
Direction musicale, Christophe Grapperon
Chef de chant Nicolas Ducloux et Christophe Manien
Lumière Bertrand Killy
Travail corporel Iris Florentiny et Yacnoy Abreu Alfonso


Avec :
Mélusine Chantal Santon-Jeffery
Fleur-de-Neige Clémentine Bourgoin
Rodomont Damien Bigourdan
Médor Manuel Nuñez Camelino
Roland Samy Camps
Sacripant Antoine Philippot
La Duchesse Totoche Ingrid Perruche
Amadis des Gaules David Ghilardi
Angélique Lara Neumann
Merlin Arnaud Marzorati
Lancelot du Lac Théophile Alexandre
Ogier le Danois Pierre Lebon
Renaud de Montauban Jérémie Delvert

Orchestre
Instrumentalistes de la compagnie Les Brigands

 

Dates :
Mardi 20/12/2016 19h00
Jeudi 22/12/2016 20h00
Vendredi 23/12/2016 20h00
Dimanche 25/12/2016 16h00
Mardi 27/12/2016 19h00
Mercredi 28/12/2016 20h00
Vendredi 30/12/2016 20h00
Samedi 31/12/2016 20h00
Mardi 03/01/2017 19h00
Mercredi 04/01/2017 20h00
Vendredi 06/01/2017 20h00
Samedi 07/01/2017 20h00

 

Mis en ligne le 18 décembre 2016