LOUISE WEBER DITE LA GOULUE
L'Essaïon
6, rue Pierre-au-Lard
75004 Paris
01 42 78 46 42
Jusqu’au 26 juin 2018
les lundis et mardis 18h30
Un grand coup de chapeau à toute l’équipe artistique qui, avec une sensibilité profonde, a su remettre en lumière une femme époustouflante, oubliée de nos jours mais heureusement rendue immortelle par la grâce des pinceaux de Toulouse Lautrec : Louise Weber dite «La Goulue».
Écrit avec finesse et subtilité par Delphine Gustau, le spectacle remonte le temps et présente le parcours atypique de cette reine de Montmartre en commençant par la fin : 1929, une femme qui semble très vieille vend des allumettes dans la rue et harangue les passants. Misérablement vêtue, abimée par le chagrin, l’alcool, la solitude, elle revoit les étapes cruciales d’une destinée qu’on croirait tout-droit sortie d’un roman d’Emile Zola.
Pressée de quitter une enfance marquée d’abord par l’abandon maternel puis par le décès d’un père mutilé de guerre, la jeune Louise s’envole avant ses 15 ans vers la liberté, la célébrité et la richesse. D’abord blanchisseuse pour gagner son pain, elle rencontre Renoir qui lui propose de devenir modèle pour plusieurs peintres et photographes de renom. Enfin, repérée dans les différents bals qu’elle fréquente pour son exubérance et sa personnalité incroyablement directe, elle entame la carrière dont elle rêve tant : danseuse de cabaret.
Après le Moulin de la Galette et l’Élysée Montmartre, elle devient « la Goulue » star du Moulin Rouge avec son fameux « French Cancan ». Assoiffée de succès et assoiffée tout court, elle se met à vider les verres de ses clients, d’où son surnom ! Durant une bonne décennie elle connaîtra les sommets de la gloire : sa gouaille, son énergie audacieuse, sa liberté d’être, son inconvenance enflamment un public richissime venu l’applaudir pour s’encanailler.
En 1895, bien qu’elle soit la vedette la mieux payée de Paris elle quitte le Moulin Rouge, décide de s’installer à son compte dans une roulotte et se métamorphose en dompteuse de lions !!!
Ses déboires conjugaux associés aux importantes pertes financières annoncent progressivement sa descente aux enfers. Le décès du fils adoré hâte sa déchéance.
L’émotion sincère et palpable avec laquelle Delphine Gransart incarne les différents âges de son personnage est proprement stupéfiante. Accompagnée par Mathieu Michard à l’accordéon elle chante, entre autres, des chansons d’Aristide Bruant, interpelle les spectateurs et passe, sans transition, du rire aux larmes.
Presque libertaire, cette Goulue, pourtant tragiquement cabossée par la vie, nous oblige à prendre du recul avec ce que certains appellent « la Belle Epoque ».
Nadia Baji
Louise Weber dite La Goulue
Texte : Delphine Gustau
Mise en scène : Jacques Rouveyrolis
Comédienne : Delphine Gransart
Musique : Mathieu Michard
Mis en ligne le 30 avril 2018