Le calendrier offre parfois de curieuses coïncidences, qui me fait voir dans la même semaine un Feydeau façon opérette et Une flûte enchantée très théâtralisée.

Deux adaptations inattendues, osées, loin des schémas classiques.

Et disons-le tout net deux réussites, tant elles sont menées avec professionnalisme, compétence et talent.

Si La flûte enchantée est déjà à la base un opéra-théâtre, avec un livret d’Emanuel Schikaneder, Jean-Philippe Daguerre assisté de Sylvie Cavé en donne ici une version fort réjouissante, joyeuse, pleine d’entrain et d’une fantaisie qui n’aurait certainement pas déplu à Mozart.

Privilégiant le côté théâtre, le metteur en scène s’est entouré d’excellents comédiens, avec notamment un exceptionnel Papageno en la personne de Stéphane Dauch (et je ne doute pas que Jonathan Pinto Rocha qui l’interprète en alternance le soit également). Les autres ne sont pas en reste et l’ensemble met l’opéra à la portée d’un public pas forcément formé à cet art, et ce n’est pas là la moindre de ses qualités.

Le travail sur les costumes est remarquable alternant simplicité et recherche, avec une splendide robe pour la Reine de la nuit, les chorégraphies plaisantes, et un travail sur les lumières qui remplace avantageusement des décors variés, créant l’ambiance et l’atmosphère nécessaires.

Si les parties jouées (en français) ont véritablement enchanté le public, les parties chantées (en allemand) n’ont pas démérité, la qualité vocale exigée est là, avec le célèbre, difficile et très attendu air de la Reine de la nuit particulièrement applaudi.

Pas d’orchestre symphonique caché dans la fosse mais seulement quatre musiciens sur scène qui participent de surcroît à l’action. Quatre musiciens, certes mais qui suffisent à donner une couleur à l’œuvre, avec simplement un violon, un alto, un hautbois et un basson.

Les trouvailles abondent, la moindre n'étant pas la transformation des dames de la Reine en trois chattes très félines ou encore une incursion soudaine d'un air de Carmen et de quelques notes de la 5eme symphonie sans compter des textes hilarants aux jeux de mots bien trouvés tels "la veuve et le vieux félin"!

Voilà véritablement un spectacle populaire dans le bon sens du terme, plaisant, et dynamique, un vrai bonheur, qui réussit à réenchanter l’œuvre tout en la respectant.

Nicole Bourbon

 

La flûte enchantée

D’après l’Opéra-Théâtre de W.A. Mozart (1791). 
Mise en scène : Jean-Philippe Daguerre. 
Direction musicale : Petr Ruzicka. 

Avec : Marion Baglan (en alternance avec Géraldine Casey), Sabine Revault d’Allonnes (en alternance avec Eve Coquart), Jérémy Duffau (en alternance avec Samy Camps), Christophe Gauzeran, Alexandre Bonstein, Cécile Nodié, Stéphane Dauch (en alternance avec Jonathan Pinto Rocha), Charlotte Matzneff (en alternance avec Marie-Jo Buffon), Sylvie Cavé. 
Musiciens : Marie Friez et Pauline Hauswirth (violon), François Baldassaré et Marie Kuchinsky (alto), Isabelle Dupré et Michaela Hrabankova (hautbois), Medhi El Hammami et Médéric Debaq (basson). 

Chorégraphie : Gilles Nicolas. 
Costumes : Corinne Rossi. 
Combats réglés par Christophe Mie