LA CLEF DE GAÏA
Théâtre de l’Écho
31 rue des Orteaux
75020 Paris
09 54 06 77 39
Jusqu’au 20 janvier 2015
tous les jeudis à 20h30.
Un voyage au pays des voyages entre le conte philosophique et l’escale sur une route qui mène de l’océan à la mer. Une escale dans la tente d’un hôte du Sahara. C’est ainsi que l’accueil se fait dans La clef de Gaïa.
La scène est une tente du désert : une bassine qui chauffe, une cloche tibétaine, des tapis couleurs chaudes du sable et de l’argile, des pierreries pas précieuses. Les trois interprètes sont pieds nus, habits au vent.
Il y a là un conteur, Vincent Escure, l’œil brillant comme s’il avait pris une giflée de sable, l’élocution suspendue aux péripéties de ses histoires, ce sera notre guide. Il y a le musicien, Pierre Delaup, et sa guitare qui lui sert autant d’instrument mélodique que de percussion. Il y a la chanteuse, Lina Lamara, et ses mélopées issues du grain de blues autant que du son tournoyant du vent dans les gorges du Maghreb.
La salle est petite, le propos aussi intime qu’un souffle chaud.
Les chansons de Lina Lamara sont fortes, tendres et parfois cruelles. Elle possède une jolie voix soul, chaude et profonde qui étincelle par moment et prend aux tripes surtout avec le simple accompagnement de la guitare de Pierre Delaup qui est comme l’ombre de la chanteuse, au diapason, en harmonie avec le chant. Sur certains morceaux, Vincent Escure les rejoint au chœur.
Il y est question d’humanité, d’état d’être, de sens moral : quelque chose de doux, de simple et de lumineux comme une parenthèse rêveuse au milieu du chaos.
On a très envie d’y croire à cette harmonie que les trois interprètes cherchent à incarner. On y est invité. Mais quelque chose altère l’envie de venir avec eux sous la tente partager le thé à la menthe. Peut-être à cause du fait que le chant et la guitare soient sonorisés ? Une amplification qui envoie soudain les parties chantées à trop de distance de cette simple histoire de voyageurs croisés sur une des courbes de la planète, un soir, par hasard, par mégarde, par besoin de lumière. Peut-être l’exigüité du plateau donne-t-elle à la narration du conteur ainsi qu’aux chansons un côté un peu trop frontal ? Il suffirait d’un rien que pour que la magie opère totalement et nous emporte au pays de Gaïa.
Bruno Fougniès
La clef de Gaïa
Textes et chansons de Lina Lamara
Avec : Lina Lamara, Vincent Escure, Pierre Delaup
Mis en ligne le 2 décembre 2014