LA CHAMBRE À JAZZ
Théâtre 12
6, avenue Maurice Ravel
75012 Paris
Spectacle en tournée
C’est le printemps 1936… C’est là que vont se rencontrer Ferdinand Laurentin, guitariste de jazz, et Sébastien Rivière, étudiant désargenté. Alors qu’ils font connaissance, ils tombent tous les deux sous le charme d’une jeune femme qui passe. Et c’est là le début de leur amitié et de leur histoire...
Jean François Jumeau a fait ses premières armes de metteur en scène en montant ce texte en 1989 lors de sa création. « Nous voulions alors faire un travail de mémoire avec cette question : Qu’aurions nous fait à leur place ? Vingt ans plus tard, le “ plus jamais ça ” qui nourrissait notre première étude nous impose un “ Pourquoi encore ça ? ” ».
Car en cette époque très troublée de la fin des années 40, ces deux jeunes hommes sont hélas marqués par l’origine ou la confession : l’un est antillais, ce qui veut dire noir de peau, et l’autre juif.
Ils vont pourtant partager un appartement, former un numéro de duettistes chant et guitare qui fera courir le Tout-Paris. C’est d’ailleurs un moment précieux du spectacle où l’on pourra entendre trois chansons joyeusement interprétées. Mais l’histoire s’accélère et Ferdinand le guitariste antillais est contraint de quitter La France pour les États-Unis, ce que se refuse à faire Sébastien, qu’un amour, qu’une épouse retient inévitablement à Paris. La déchirure est profonde et c’est ensuite par l’intermédiaire d’une correspondance épistolaire que nous allons suivre leurs parcours, leurs destins tragiques.
Autour d’une scénographie très sobre mais efficace, les deux comédiens nous jouent cette amitié de façon très naturelle, je veux dire par là sans appuyer la manière parfois trop théâtrale entendue ici ou là. Le texte, d’une grande qualité, est donc porté avec justesse, sobriété et beaucoup de sensibilité.
Il faut ajouter à cela la diffusion de deux passages en vidéo où l’on voit et entend un homme tenir un discours terrible notamment sur la place des juifs dans le domaine artistique. Il faut dire qu’il s’agit d’un extrait de « Mein Kampf » qui vient justement et malheureusement éclairer le propos de cette pièce.
Comme le dit le metteur en scène « Le conflit de l’ex Yougoslavie, le Rwanda, le 11 septembre et ses funestes développements sont passés par là » Et on se dit qu’il en faudra des œuvres de toutes sortes pour un jour espérer calmer la folie des hommes.
Jean-Michel Beugnet
La chambre à jazz
de Dominique Branier
Mise en scène Jean François Jumeau
Vidéo : Quentin Dudon
Texte et chansons : Dominique Branier
Avec Aurélien Gouas, Robert Geroges et à l’image Jean O’Cottrell
Mis en ligne le 14 avril 2015