ISA FLEUR – LA CANTATRICE CHAUDE
Théâtre de l'Essaïon
6, rue Pierre au Lard
75004 Paris
Jusqu’au 25 juin 2016
Les jeudis, vendredis et samedis, à 21h30
Puis au Festival Off d’Avignon
Revoici Isa Fleur à l’Essaïon.
Si on retrouve avec plaisir sa superbe voix de soprano colorature formée à l’opérette (on a pu l’applaudir dans nombre d’œuvres, de La belle de Cadix à La vie parisienne en passant par Tout Offenbach ou presque) dans des chansons d’amour dont la plupart comme le titre du spectacle le laisse entendre des plus polissonnes, le récital est devenu maintenant un vrai spectacle. Sous la houlette d’Hervé Devolder, son metteur en scène, elle n’est plus uniquement derrière son piano, mais se déplace pour quelques intermèdes joués entre les chansons, moments très drôles qui pourraient même être encore davantage développés. Bonne idée d’ailleurs d’avoir installé deux pianos qui permettent des allers-retours amusants et lui donnent plus de liberté.
Car l’instrument ne lui fait pas peur à Isa et elle démontre avec brio quelle musicienne (elle a écrit les arrangements des morceaux) et quelle pianiste virtuose elle est.
Il faut voir avec quelle dextérité impressionnante ses doigts courent sur le clavier tout en délivrant avec gestes et mimiques appropriés les « messages » contenus dans les textes, des plus anodins voire parfois poétiques aux plus osés.
Car la chanson gaillarde ne lui fait pas peur à notre cantatrice et elle l’interprète la mine gourmande, l’œil malicieux ou l’air faussement effarouché, pour le plus grand plaisir du public conquis par son talent, sa fraîcheur et sa spontanéité qui ôtent toute vulgarité à cet exercice périlleux.
C’est ainsi qu’elle passe tout naturellement des chansons à sous entendus qui firent le bonheur du début du siècle dernier au monde de Walt Disney avec une interprétation hilarante de Blanche-Neige et Cendrillon, qu’elle chante aussi bien le Nutella que la vie à Bouffemont, qu’elle donne une dimension tragique des plus désopilantes à une chanson de Carlos, qu’elle revisite – et c’est musicalement diablement bien fait – une chanson de Brassens, pour finir, l’ambiance devenant de plus en plus torride au fur et à mesure que la soirée avance, par les personnages bien connus des chansons paillardes, Charlotte et Dudule – ou plutôt d’un de ses attributs que la décence m’interdit de nommer ici – .
Nicole Bourbon
La cantatrice chaude
Mise en scène Hervé Devolder
Conception et interprétation : Isa Fleur
Mis en ligne le 11 avril 2015
Actualisé le 22 avril 2016