|
LA BANDE DU TABOU Cabaret Saint-Germain des prés |
|
Théâtre 13 / Jardin
Au temps de ma jeunesse, cette période des années 50 faisait déjà rêver. Et je constate avec plaisir qu'elle fascine toujours autant. Après la remarquable adaptation de L'écume des jours par une jeune compagnie, c'est maintenant un collectif tout aussi jeune et talentueux qui fait revivre cette époque fabuleuse à travers un de ses lieux mythiques : le Tabou. Il faut dire que s'y croisaient, excusez du peu, Vian, Prévert, Sartre, Beauvoir, Aragon, Ferré, Gainsbourg, Sagan, Gréco, Salvador, Queneau, Kosma. On est à des années lumières des pâles célébrités de notre époque. Est-ce cet appétit de vivre, ce fourmillement d'idées, cette foi en l'avenir qui caractérisent ces années-là, qui attirent autant alors que de nos jours on parle plutôt chômage, inquiétudes, régressions de toutes sortes ? Mais assez philosophé, venons-en au spectacle. Ils sont tous là dans ce cabaret où rien ne manque, les lumières tamisées, le bar, l'estrade, la piste de danse, les fauteuils et même la porte des WC. Ils sont tous là, Simone, Françoise, Boris, Serge, Juliette, Jean Paul, Barbara et les autres incarnés par 9 acteurs, chanteurs, danseurs, fougueux, dynamiques et bourrés de talent et 3 excellents musiciens. Sans chercher à imiter, il leur suffit d'un accessoire, d'une allure, de gestes parfaitement étudiés pour qu'on reconnaisse leurs illustres modèles (remarquable Yoann Parize notamment, en incroyable Gainsbourg). Sous un apparent foutoir, on comprend vite le travail énorme existant derrière ces semblants d'improvisations : tout s'enchaîne à la perfection, sans temps mort, les chorégraphies sont réglées au cordeau, les textes bien trouvés : un meddley américain, de l'humour, du bi bop endiablé, une vraie mise en scène, d'hilarantes séquences cinéma et publicité sur un drap tendu, une « java des bombes atomiques » imaginative, avec l'ombre de Vian qui plane sur tout ça avec peut être de là haut un regard approbateur et amusé car ces jeunes-là sont inventifs et créatifs en diable. Cédric Barbier aux percussions, Delphine Dussaux au piano et Lucas Gaudin aux saxophones sont tout autant remarquables avec une séquence qui m'a particulièrement émue : les lumières sont éteintes, dans le noir, quelques notes de piano, puis s'élève une voix "Tu ne te souviendras pas" ; un bref instant, j'ai l'impression d'entendre Barbara, moment fugitif, les lumières se rallument, mais quelle émotion ! Venez revivre avec eux ces moments fabuleux, ils sont là jusqu'au 23 juin au théâtre 13 côté jardin. Vous en sortirez avec la pêche, le sourire aux lèvres et des fourmis dans les jambes. Avec le regret de n'avoir pas vécu à cette époque.
Nicole Bourbon
La bande du Tabou Cabaret Saint-Germain des Prés Sur une idée originale de : Yveline Hamon, Jean-Pierre Gesbert Avec : Musiciens Collaboration artistique : Jean-Marc Hoolbecq
|
