KURT COBAIN (PEU IMPORTE, TANT PIS...)
La Loge
77, rue de Charonne
75011 Paris
01 40 09 70 40
Jusqu'au 30 mai 2014 à 21h00
Photo : Benoît Jeannot
Dorénavant, avant d'aller au théâtre, les émétophobes devraient se renseigner sur le spectacle qu'ils vont voir.
Vomir sur scène – que ce soit accidentellement, comme cela est arrivé à Justin Bieber et à Lady Gaga, ou volontairement, comme Lady Gaga (encore elle) et Millie Brown, qui utilise le vomi comme matériau artistique, ou encore se faire vomir dessus (Lady Gaga, toujours elle !), semble être à la mode.
« Kurt Cobain (Peu importe, tant pis…) », spectacle musical qui rend hommage à Nirvana et à son chanteur et guitariste disparu il y a tout juste vingt ans, suit la tendance.
Dès son entrée en scène, la comédienne, Marie Nicolle, qui interprète le personnage de Kurt Cobain, dégurgite abondamment.
Les spectateurs, perplexes, s'interrogent : gastro, gueule de bois, grossesse, surmenage, ou performance artistique ? Ils ne sont pas longs à comprendre que le metteur en scène, Frédéric Jessua, et sa troupe, les font d'emblée entrer dans le vif du sujet.
Kurt Cobain, en effet, souffrait de maux d'estomac entraînant des vomissements fréquents et insupportables, que seule l'héroïne parvenait à soulager, disait-il.
Maux d'estomac qui, ajoutés à son mal être, sa dépendance à l'héroïne, son refus du compromis et d'être récupéré par le marché de la musique, le conduisent à se supprimer à l'âge de vingt-sept ans, son suicide le faisant entrer dans le fameux et macabre « club des 27 » dont font partie Jimi Hendrix, Janis Joplin, Jim Morrison, Brian Jones et Amy Whinehouse.
Théâtre musical ou concert théâtralisé, le spectacle, dont le sous-titre est une allusion au deuxième album du groupe, « Nevermind », retrace la trajectoire météorique du groupe et de son leader, par le biais d'un montage de textes composé d'extraits du « Journal » de Kurt Cobain, de « Nirvana, la véritable histoire » d'Everett True et d'articles de Wikipédia.
Sans oublier, bien sûr, la musique de Nirvana.
Ainsi les fans reconnaîtront-ils, au passage, “Dumb” , “Breed”, “In Bloom”, “All Apologies”, “Something in The Way”, “Where Did You Sleep Last Night?”, “Serve The Servants”, “Heart Shaped Box” et, bien sûr, l'emblématique “Smells Like Teen Spirit”.
Toutes ces chansons dans lesquelles se reconnaît cette génération X – dont la qualification fait référence à son sentiment d'anonymat –, qui adhère en masse au mouvement grunge, le genre musical, initié par Nirvana, qui secoua les années 90.
Les artistes polyvalents, acteurs et musiciens à la fois, se donnent à fond sans ménager leur peine, suant, hurlant et se démenant comme de beaux diables.
On ne peut que saluer leur performance.
Pourtant, étrangement, le résultat n'est pas à la hauteur de leurs efforts et on ressent la vague impression qu'il manque ce « petit supplément d'âme » qui confère la grâce à un spectacle.
Parfois tous les ingrédients sont réunis et la mayonnaise ne prend pas. C'est là un phénomène inexplicable car, aussi bien, d'une représentation à l'autre, la perception pourra être différente.
Cela est certainement valable pour « Kurt Cobain (Peu importe, tant pis…) » car l'enthousiasme de Marie Nicolle, Baptiste Chabauty, Tristan Gonzalez, Frédéric Jessua et Liam Morrissey devrait obligatoirement faire mouche.
Elishéva Zonabend
Kurt Cobain (peu importe, tant pis...)
Par la Boîte à Outils
Mise en scène : Frédéric Jessua
Avec : Marie Nicolle, Baptiste Chabauty, Tristan Gonzalez, Frédéric Jessua, & Liam Morrissey
Projet développé en résidence au CENTQUATRE