LE DOCTEUR MIRACLE |
Théâtre de l'Essaïon En 1856, le jeune Bizet âgé de 18 ans participe à un concours : écrire la musique d'un livret écrit par Battu et Halevy, le même Halevy qui avec Henri Meilhac signera plus tard Carmen et nombre d'opérettes d'Offenbach. Bizet gagnera le concours ex aequo avec Charles Lecocq, qui , lui, composera ensuite La fille de Madame Angot. L'argument de ce Docteur Miracle est comme souvent dans ce style de spectacle on ne peut plus simplet : une fille aime un militaire que le père refuse pour gendre, ce dernier s'introduira dans la demeure familiale, fera semblant d'empoisonner le père en confectionnant une omelette pour mieux prétendre le sauver ensuite sous les traits d'un médecin en échange de la main de la fille ! On trouve nombre de répliques toutes plus énormes les unes que les autres (du genre « J'éprouve le besoin de promener ma digestion ») et qui du coup en deviennent irrésistibles. D'autant que la Compagnie Colorature avec le metteur en scène Rv Dupuis-Slota, a choisi judicieusement d'accentuer ce côté extravagant en misant à fond sur la parodie, jeu, maquillages, costumes et perruques à l'appui. C'est un véritable antidote à la morosité ambiante et à cet hiver qui n'en finit pas et de fait on rit énormément. Mais la pièce maîtresse est bien évidemment la musique, où il est amusant de retrouver déjà le style de Bizet, puissant et aérien, limpide, virtuose, avec des partitions qui exigent des interprètes un véritable art du chant et une grande technique. Les quatre chanteurs de la Compagnie Colorature n'en manquent pas, Diane Gonié, belle voix de soprano, Sarah Dupont d'Isigny superbe mezzo, Raphael Schwob magnifique ténor et Pierre Michel Dudan exceptionnel baryton. Ils sont accompagnés par Raphaële Crosnier, pianiste de talent qui se joue des difficultés avec grâce. Le célèbre quatuor de L'omelette est parfaitement rendu, drôlissime, et je ne résiste pas au plaisir d'en citer un extrait : « J'ai déjà compté dans ma vie / Plus de plaisirs, plus de bonheurs / Fille tendre et femme jolie / Ont comblé les vux de mon cur. Mais il n'est rien que je compare / Quand j'ai bien faim sur le matin / Non il n'est rien que je compare / Non, non, non, à ce tableau presque divin / D'une omelette aussi bien faite /Qui me sourit et qui me dit : Je suis ton déjeuner fidèle (bis) / Viens je t'attends (ter) / Viens je t'appelle. » Voilà une uvre à découvrir, attention c'est à l'Essaïon seulement jusqu'au 6 avril.
Nicole Bourbon
Le docteur miracle Musique : Georges BIZET Avec : Pierre-Michel Dudan, Sarah Dupont d'Isigny, Diane Gonié, Raphaël Schwob
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