DAKH DAUGHTERS BAND
Le Trianon
80 Boulevard de Rochechouart
75018 Paris
01 44 92 78 00
Le 1er février
Ce n’est pas pour rien que ces six filles-là soulèvent l’enthousiasme partout où elles passent !
Comment rester insensible en effet à tant de puissance, de folie et dans les mots et dans la musique et dans les gestes et dans le choix des vidéos qui accompagnent le spectacle ?
Comment ne pas être submergé d’émotion face à tant de colère mâtinée d’humour et d’absurde, tant de violence savamment maîtrisée, tant d’explosive ingéniosité musicale, tant de sombre poésie ?
Mises en scène par leur mentor Vlad Troitskyi, elles nous emmènent à un train d’enfer puissamment rythmé par les percussions et les contrebasses dans un monde où l’art est instrument de révolte, où la révolte devient art, où le diable tutoie les anges, chassant toute résignation ou désespoir d’un souffle salvateur de joyeuse résistance.
Avec leur air de poupées gigogne, visages maquillés de blanc, yeux charbonneux, bouches très rouges, avec leurs voix déchirées, déchirantes, avec leur gestuelle vigoureusement aérienne, elles nous racontent un monde meurtri, écartelé dans un chant qui pour être superbement beau n’est pourtant pas désespéré.
Elles sont les voix d’un peuple qui ne se soumet pas au travers des histoires qu’elles nous racontent, celle du mari qui veut tuer sa femme ou celle d’une petite vieille qui a tout perdu et survit tant bien que mal.
Les textes viennent du folklore ukrainien ou empruntent à de grands auteurs comme leur célèbre Rozy/Dunbass qu’elles avaient chanté face aux militaires sur la place de Maïdan (la place centrale de Kiev devenue symbole du mouvement antirusse en Ukraine), reprise d’un sonnet de Shakespeare « No more be grieved at that which thou hast done : Roses have thorns, and silver fountains mud. ». (N’aie plus de chagrin de ce que tu as fait : Les roses ont l’épine, et les sources d’argent, la boue. ») scandé par le cri Donbass (région dite aux mille roses, lieu symbolique de la récente guerre civile) ou encore en rappel de l’annexion de la Crimée la chanson de Kuzma Skryabin, « Ma mer où tous les poissons sont paisibles ».
Un spectacle coup de poing où s’établit une telle osmose entre artistes et public, que les deux peinent à se séparer comme en témoignent les nombreux rappels où elles reviennent brandissant le drapeau bleu et jaune de l’Ukraine.
Plus qu’un concert, c’est un choc, un cri, un long poème teinté d’humour noir d’une sauvage beauté et d’une force fragile qui bouscule et donne véritablement le frisson, dont on ne sort pas indemne et qui résonne longtemps dans les cœurs et dans les têtes.
Nicole Bourbon
Dakh Daughters Band
Création collective et interprétation de Nataliya Halanevych, Tetiana Havrylyuk, Ruslana Khazipova,Solomiia Melnyk, Ganna Nikitina, Nataliia Zozul
Mise en scène : Vlad Troitskyi
Lumière : Mariia Volkova
Son : Christophe Le Maout
Vidéo : Maksym Poberezhskyi
Mis en ligne le 2 février 2016